Lafarge-Algérie veut constituer un fichier complet des journalistes algériens
Le groupe cimentier français vient d’adresser une étrange demande aux journalistes algériens, les priant de remplir de vrais fichiers de renseignement, digne d’une autorité administrative ou policière. Un formulaire d’identification qui s’adresse au journaliste concerné et qui lui exige en même temps toutes les coordonnées de son quotidien et aussi de son rédacteur en chef. Le groupe dit procéder à la mise à jour de la base de données des journalistes «dans le but de (les) convier à (ses) futurs événements». D’habitude, tout organisme désirant inviter des journalistes à une quelconque activité prend les coordonnées des journaux qui figurent dans l’ours, et les demandes se font généralement par invitation écrite, adressée par fax ou par mail directement à l’adresse du journal intéressé. C’est d’ailleurs la méthode qui s’applique dans tous les pays. C’est pourquoi les journalistes algériens risquent de prendre mal un mode de communication aussi peu commode et auraient, en tout cas, raison de ne pas s’y soumettre. Il faut dire que les relations de la filiale algérienne du cimentier français avec la presse étaient toujours empreintes de méfiance. Rappelons que le Groupe Lafarge a acquis plusieurs cimenteries en Algérie dans des conditions souvent décriées par la presse et a été à plusieurs reprises au centre de polémiques liées à la gestion de ses entreprises et aux grèves de faim lancées par des ouvriers qui y travaillaient pour dénoncer des abus de la part de l’employeur. La multiplication des scandales financiers dans lesquels ce Groupe était impliqué depuis son installation en Algérie (rachat d’une cimenterie à Orascom construction en 2008, évasions fiscales qui l’empêcheront en 2014 de rapatrier des dividendes, etc.) a achevé de ternir l’image de ce Groupe auprès des Algériens. Lafarge Algérie cherche-t-elle alors à se rapprocher davantage des journalistes pour soigner cette image et gagner en crédibilité ?
R. Mahmoudi