Petite carte d’Algérie
Par R. Mahmoudi – Depuis quelques semaines, les foyers de tension se multiplient un peu partout dans le pays, résultat d’un malaise social endémique, mais surtout d’une inquiétante rupture de dialogue, dont les gouvernants ne semblent guère se soucier. A In Salah, les affrontements entre les manifestants anti-gaz de schiste et les forces de l’ordre ont fait, ce lundi, leur première victime mortelle. Le jeune Moulay Nakhou est, avons-nous appris, décédé suite à l’inhalation de gaz lacrymogène. La situation risque alors de s’envenimer davantage et de prendre une tournure dangereuse dans les prochaines heures. Ce, alors même que le pouvoir continue à s’enfoncer dans son mutisme et son mépris, et croit être capable, comme toujours, d’avoir les manifestants à l’usure, sans regarder le prix que cela peut coûter ni les conséquences à court et moyen termes de son attitude, aussi bien sur la stabilité de cette région du Sud que sur la cohésion nationale. Il n’a aucune raison de se draper encore derrière les forces de sécurité pour tenter de faire face à une crise éminemment politique. En Kabylie, autre région propice aux déflagrations sociales, les fermetures de routes quasi quotidiennes n’inspirent aux autorités aucune volonté de prendre en charge sérieusement les divers problèmes soulevés par les citoyens, alors que la coupe est déjà pleine et que l’on craint aujourd’hui de sérieux débordements de violence. On en voit, d’ailleurs, les prémices à travers les violentes émeutes qui ont secoué ce mardi la ville d’Azazga, les premières depuis plusieurs années. Pendant ce temps, le feu de la discorde continue à couver dans la région du M’zab et risque à tout moment de rejaillir, tant qu’aucun plan viable n’a été mis en place pour le circonscrire. Tout ce qui a été fait pour l’instant se résume à la condamnation – à des peines très lourdes, souvent méritées d’ailleurs – de quelques fauteurs de troubles dans des procès à huis clos, transférés à Sétif. A Laghouat et Ouargla, le mouvement des chômeurs va reprendre du poil de la bête, après la condamnation d’un de ses membres à six mois de prison ferme pour délit d’opinion. Signe de faiblesse, cette tendance au durcissement de la part du pouvoir ne pourra, assurément, que produire des effets pervers.
R. M.
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