Pourquoi Mohammed VI a rappelé son ambassadeur au Nigeria ou le vil chantage du Maroc
Le Maroc a décidé le «rappel immédiat» en consultation de son ambassadeur à Abuja, capitale du Nigeria, a annoncé mardi le ministère marocain des Affaires étrangères dans un communiqué. La décision était dans l’air depuis l’annonce ostentatoire faite par le Palais, vendredi dernier, d’une demande d’entretien téléphonique avec le président nigérian, Goodluck Jonathan, «décliné» par le roi Mohammed VI, prétextant des «manœuvres électorales» auxquels il refuserait de se mêler. Le ministère marocain a expliqué que «contrairement» à ce que les autorités nigérianes avaient avancé à l'ambassadeur du Maroc à Abuja et aux médias locaux, le royaume confirme, «de la manière la plus claire et la plus ferme», qu'il n'y aurait jamais eu d'entretien téléphonique entre Mohammed VI et le président nigérian. Rabat dénonce, ici, des pratiques «contraires à l'éthique et à l'esprit de responsabilité qui doivent prévaloir dans les relations entre Etats». Or, Algeriepatriotique a appris de sources sûres qu’un contact a bel et bien été établi entre le président du Nigeria et le roi du Maroc, lorsque ce dernier se trouvait en villégiature en France. Les Marocains ont proposé au Nigeria, membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, d'«adoucir» sa position et de se montrer «flexible» et «accommodant» lors de l'examen, en avril prochain, de la question du Sahara Occidental par le Conseil de sécurité. Le deal proposé par la partie marocaine consistait à assurer l’actuel président nigérian d’un «soutien actif» à sa candidature lors des prochaines élections présidentielles, prévues initialement en février avant d’être reportées au 28 mars prochain, à travers un travail de «lobbying» auprès de la communauté musulmane du nord du pays, via de prétendus relais de la zaouïa Tidjania, et ce, contre un «effacement substantiel» du Nigeria sur la question du Sahara Occidental. Après avoir constaté, confirment nos sources, que le Nigeria était loin de donner suite à ce marchandage et de peur de voir les autorités nigérianes communiquer sur le sujet, le gouvernement marocain a décidé de passer à l'offensive en rendant public ce fameux communiqué du cabinet royal qui, de l’avis de nombreux observateurs internationaux, restera certainement dans les annales de la diplomatie et des relations entre Etats.
R. Mahmoudi