Benflis dénonce le comportement «arrogant et amoral» du pouvoir

Ali Benflis a vivement réagi aux accusations portées contre l’opposition nationale par le pouvoir politique et ses relais clientélistes. Dans un discours prononcé lors de l’installation de l’instance nationale de préparation du congrès constitutif de son parti, l’ancien chef de gouvernement a dénoncé ce qu’il qualifie de signes de dégradation des mœurs politiques. «Notre pays traverse une crise de régime d’une gravité exceptionnelle. Cette crise occasionne des ravages politiques, économiques et sociaux. Mais elle n’a pas occasionné que cela. Elle a aussi causé une dégradation des mœurs politique, un affaissement des comportements civilisés et la perte de l’élémentaire sens civique», a-t-il déclaré, estimant que «jamais des gouvernants de notre pays n’ont eu un comportement aussi arrogant, aussi méprisant et aussi amoral, jamais des gouvernants de notre pays n’ont usé d’un langage aussi agressif, aussi bas et aussi vulgaire, jamais des gouvernants de notre pays n’ont semé autant de discorde, autant de division et autant de diabolisation dans notre paysage politique». Ali Benflis refuse ainsi d’aller sur le terrain de l’insulte et de l’injure. «Laissons-leur ce terrain, car il n’est pas le nôtre ; laissons-les jouer à ce jeu-là, car ce n’est pas notre jeu favori, et laissons-les à leur démesure et à leur irresponsabilité et gardons tout notre sens de la mesure et de la responsabilité», a-t-il soutenu devant les cadres de son parti en construction. Ali Benflis estime ainsi qu’ils peuvent «toujours apporter la contradiction en étant fermes, mais respectueux et courtois». Pour lui, la meilleure réponse à ces attaques, c’est de «formuler nos critiques de manière sévère, mais civilisée et responsable». Il appelle à «faire face à l’adversaire politique sans faiblesse et sans concession, mais sans le heurter et le blesser». Ali Benflis considère que «la politique exige un sens élevé de la morale, de nobles convictions et des positions honorables». «Et tout ce qui viendrait contrarier ces valeurs contrarierait en fait la vocation, la raison d’être et le message de la politique», a-t-il indiqué, assurant qu’au sein de son parti, «l’éthique» sera le maître mot dans les débats contradictoires. «L’expression et la défense du droit à la différence sont aussi affaire de valeurs morales, de bon comportement et de force de conviction et non affaire de violence et de dérapages verbaux ou d’excès langagiers», a-t-il insisté, en faisant allusion aux partis du pouvoir qui ne cessent d’attaquer violemment l’opposition en l’accusant d’être la source de tous les problèmes du pays. Ali Benflis précise que «la grandeur de notre idéal ne s’accommode pas des bassesses ; la force de notre projet politique ne s’imposera pas par des outrances verbales ni par les manquements à l’éthique politique». Il assure que pour lui, il y a des adversaires politiques et non pas des «ennemis».
L’Instance de préparation du congrès constitutif du parti installée
Après avoir obtenu l’autorisation auprès du ministère de l’Intérieur, l’ancien chef du gouvernement Ali Benflis passe à l’étape supérieure dans la préparation de son congrès constitutif. Le coordinateur du Pôle des forces du changement a installé aujourd’hui l’Instance nationale de préparation du congrès de Talaiou El-Houriyet, prévu début juin. En tout, il a mis en place huit commissions chargées respectivement de projets de programme du parti, de son statut, du projet de son règlement intérieur, des projets de résolutions et déclarations spécifiques. Il a désigné Ahmed Attaf comme coordinateur de ces commissions et Ahmed Adimi comme porte-parole de cette Instance. Son ancien directeur de campagne, Abdelkader Sallat, aura la lourde tâche d’élaborer le programme du parti. Il sera appuyé par Mohamed Benalia en tant que rapporteur, de Haider Bendrihem pour les aspects politiques, de Mohamed Dhif pour ce qui est de l’économie, de Aziz Derouaz en ce qui touche au social et à la jeunesse. Le projet de statut a été confié à Khaled Dhina et les déclarations et les résolutions du congrès à Abdelkader Taffar. Benflis, qui veut un congrès constitutif «mémorable», compte réunir aujourd’hui même les 60 responsables des bureaux provisoires de son parti et de s’entretenir avec eux de tous les aspects relatifs à l’organisation, aux missions et aux tâches immédiates de ces bureaux compte tenu des délais très courts qui les séparent de la tenue du congrès constitutif. Cette Instance nationale de préparation du congrès constitutif est appelée à assumer une énorme charge de travail, souligne Benflis pour lequel Talaiou El-Houriyet est un projet politique rénovateur et réformateur qui contient suffisamment de constats bien établis, de fondements solides, d’objectifs précis et de contenu substantiel qui fournissent à son discours tous les moyens nécessaires à sa promotion et à sa défense. Ali Benflis comme axe principal de travail le principe démocratique, c'est-à-dire le principe électif. «Nous ne pouvons pas demander la démocratie pour notre pays et ignorer ses exigences au sein de notre parti. Nous ne pouvons pas revendiquer le respect de la volonté de notre peuple et nous dispenser des voix de nos militantes et de nos militants», a-t-il insisté, affirmant que pour le prochain congrès constitutif de son parti, seuls les membres fondateurs seront congressistes par la force de la loi et donc de plein droit. En conséquence, les autres congressistes se soumettront au principe de l’élection. «Nous entendons être un parti moderne ; un parti qui offrira au pays une élite politique compétente, honnête et patriote ; un parti déterminé à rompre avec toutes ces pratiques que nous connaissons bien chez nous et qui aboutissent toujours à l’introduction de la stagnation, de la sclérose, du tarissement des idées et du déficit d’alternatives proposées dans notre paysage politique», a précisé cet ancien candidat à la présidentielle. Ali Benflis a saisi cette occasion pour réitérer son soutien aux manifestants anti-gaz de schiste à Ouargla. Représenté par Ahmed Adimi et Mohamed Benalia de représenter Talaiou El-Houriyet au sein de la délégation du Pôle des forces du changement qui est présente au rassemblement d’aujourd’hui à Ouargla, Ali Benflis rappelle avoir dénoncé à plusieurs reprises «cette gestion irresponsable, désinvolte et obstinée de ce dossier». Il considère que dans ce dossier comme dans bien d’autres, «le régime politique en place révèle qu’il a perdu prise sur les événements, que la gestion des affaires les plus sensibles de la nation lui échappe, qu’il ne règle plus les problèmes du pays mais qu’il en crée de nouveaux, qu’il entretient l’impasse et ferme toute perspective pour notre peuple». Benflis estime qu’il est temps d’aller à la reconquête de la citoyenneté.
Rafik Meddour et Sonia Baker