Grand flop du Forum de Crans-Montana à Dakhla occupée : le Makhzen est devenu infréquentable
Le discours propagandiste inspiré par le Makhzen n’y change rien : le Forum Crans-Montana réuni à Dakhla, ville sahraouie occupée par le Maroc, est un grand flop. La grossière manœuvre marocaine abondamment arrosée financièrement visant à faire cautionner un fait colonial sous couvert de cette rencontre à caractère prétendument économique a échoué. A Dakhla occupée, il n’y avait aucun représentant gouvernemental de haut niveau en dehors de la Macédoine, qui elle-même connaît de sérieux problèmes à se faire reconnaître sous cette appellation. Les organisations internationales ont ignoré la 32e édition du Forum et les chefs d’Etat ne l’ont pas prise du tout au sérieux. Au point où Mohammed VI n’a pas daigné faire le déplacement et a délégué le chef du gouvernement marocain pour lire son message. Un forum qui s’est donné pour thème «Afrique, coopération régionale et coopération Sud-Sud», alors que l’Union africaine l’a boycotté. Avec quelle Afrique se tient ce forum ? Et quel Sud : Zapatero ? Douste-Blazy ? Concernant Zapatero, il ne représente que sa personne, c’est le ministre des Affaires étrangères de l’Espagne, Jose Manuel Garcia-Margallo, qui le fait savoir dans une déclaration rapportée par le journal espagnol El Pais. Pour le chef de la diplomatie espagnole, l'organisation par le Maroc de ce forum dans la ville occupée de Dakhla est «illégale, en vertu du droit international». Il a estimé que c’est «en contradiction avec les efforts de la communauté internationale pour résoudre le conflit au Sahara». Le ministre espagnol des Affaires étrangères a rappelé que l'Espagne plaidait pour une solution juste, durable et mutuellement acceptable du conflit, prévoyant l'autodétermination du peuple sahraoui. Outre Zapatero, c’est côté français et plutôt UMP ou assimilé, a-t-on appris, que des personnalités européennes ont accouru surtout pour la célébration de la réconciliation entre Rabat et Paris. Citons Dominique de Villepin, Jean-Louis Borloo, Eric Besson ou Michèle Alliot-Marie qui est en pointe dans les discussions entre les deux pays. Mais tous sans fonction officielle. Pour mesurer l’échec du forum tenu à Dakhla, il suffit de comparer avec les autres éditions. Le contraste est frappant entre l’événement pitoyable organisé à Dakhla et les éditions précédentes organisées dans des lieux qui ne souffrent d’aucune ambiguïté. La liste des participants est un critère éloquent. A Dakhla, aucune institution internationale n’est tombée dans le piège camouflé derrière le vernis du prestige acquis par le Forum de Crans-Montana. L’Union africaine a été la première à mettre en garde contre cette mystification et son appel a été entendu, puisque l’Afrique est absente d’un forum censé parler de son développement, mais qui a cherché, en fait, à lui faire cautionner une occupation coloniale que le continent rejette. Les efforts du Front Polisario et de ses amis dans la région et dans le monde n’ont pas été vains. Le 32e Forum de Crans-Montana sera vite oublié.
Houari Achouri