Un film sur la montée de l’extrémisme islamiste en Algérie boycotté par les distributeurs français
Le producteur du film Maintenant ils peuvent venir, Costa-Gavras, a exprimé son indignation et sa colère une année après la sortie de son film qui ne trouve pas à ce jour de distributeurs en France. Réalisé en 2014 par l’Algérien Salem Brahimi, le long métrage retrace le processus de radicalisation de la mouvance islamiste algérienne dès le début des années 1990, phénomène qui donnera ensuite naissance au terrorisme et aux massacres qu’a connus l’Algérie pendant plusieurs années. Costa-Gavras, qui a déjà à son actif, en tant que réalisateur, plusieurs films à succès (Z en 1969, Hannah K en 1983, Eden à l’Ouest en 2009), parle d’«une censure économique» qui frappe, en France notamment, des œuvres novatrices et commercialement à risques. Mais y a-t-il, en réalité, que la censure économique pour expliquer un boycott aussi massif d’un film qui, par sa profondeur et sa perspicacité, peut fournir des éclairages très recherchés aujourd’hui par le public français pour comprendre le phénomène de l’extrémisme et des djihadistes qui hantent l’opinion publique depuis surtout les attentats de Charlie Hebdo du 7 janvier dernier ? On sait que, depuis cette tragédie, tous les faiseurs d’opinion en France, à commencer par les commentateurs de télévision et les éditorialistes des gros tirages, tentent par tous les moyens d’éviter un parallèle avec ce qu’a vécu l’Algérie durant la décennie 1990, qu’ils s’entêtent à présenter comme un cas de «guerre civile». Ce qui prouve encore qu’il y a une véritable censure politique du film de Salem Brahimi, c’est l’attitude aussi frileuse des grandes chaînes de télévision française, comme TF1, France 2 ou Arte qui, selon les révélations de Costa-Gavras, n’ont fourni aucune assistance à la réalisation de ce film, ni aucune contribution financière, sachant que le producteur a puisé dans ses fonds propres et n’a reçu que quelques petites subventions, dont une partie provient d’Algérie. Pour autant, Costa-Gavras ne désespère pas de trouver un distributeur pour son film en dehors des circuits dominants.
R. Mahmoudi