Révélations de deux journalistes français : quand Sarkozy voulait dénoncer les accords d’Evian
Dans un livre à paraître cette semaine, l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, Patrick Buisson, jette un pavé dans la mare en révélant que l’ancien président s’apprêtait, en 2012 alors qu’il était en pleine campagne pour le deuxième tour, à remettre en cause les accords d’Evian qui ont mis fin à la guerre en Algérie et qui régissent les relations entre l’Algérie et la France. «Qui peut imaginer que, en 2012, Nicolas Sarkozy a failli proposer de dénoncer les accords d'Evian ?» écrivent les deux auteurs du livre, Ariane Chemin et Vanessa Schneider, journalistes au Monde. «C'est l'idée qui a germé à quelques semaines du premier tour dans le cerveau du conseiller.» L’ex-conseiller de Sarkozy, qui fut également conseiller d’un dirigeant de l’extrême droite, Philippe de Villiers, a suggéré ainsi à Nicolas Sarkozy de revenir sur le titre de séjour spécifique que peuvent obtenir les Algériens. «Un temps déconcerté, raconte le conseiller extrémiste, le candidat finit par se laisser convaincre» et indique qu'il en parlera sur France 2 le 26 avril 2012. Finalement, Nicolas Sarkozy renoncera à son idée funeste. «Je ne l'ai pas senti», dit-il à son équipe en sortant. Ce «nabot» n'a «aucun courage», peste alors Patrick Buisson. «Il ne peut rien faire sans moi, Naboléon», se vante aussi le conseiller tandis que Nicolas Sarkozy voit en lui sa «boussole» et son «hémisphère droit». Il est clair que l’idée de dénoncer, en pleine campagne électorale, les accords d’Evian visait essentiellement à rameuter une grande partie de l’électorat. Mais le plus étrange dans ces révélations, c’est de se rappeler que durant son mandat, l’ex-président Nicolas Sarkozy avait tenu des discours plutôt réconciliateurs avec l’Algérie, où il a été reçu en grande pompe lors de sa visite d’Etat qu’il a effectuée en juillet 2007.
R. Mahmoudi