Dix-neuf morts dont dix-sept touristes : l’attaque contre le Musée du Bardo à Tunis tourne au carnage
De 11 morts, dont 7 touristes étrangers et une citoyenne tunisienne, annoncés par le ministre tunisien de l’Intérieur, le nombre de victimes de la prise d’otages du Musée du Bardo à Tunis est tout d’un coup passé à 19 morts, dont 17 touristes, selon le bilan final livré par le Premier ministre, Habib Essid, en fin d’après-midi. Une évolution d’autant plus inexplicable que le ministre de l’Intérieur avait annoncé, lors de sa dernière intervention, la fin de la prise d’otages avec la neutralisation des deux assaillants et la mort d’un élément de la brigade antiterroriste qui avait donné l’assaut. Le nombre ne cesse d'augmenter, puisque, selon le dernier bilan, on dénombre 22 morts, dont 20 touristes étrangers. Au-delà du quiproquo entre les deux responsables du gouvernement tunisien, qui va certainement se déteindre sur la cohésion de l’Exécutif tunisien qui est à sa première épreuve depuis son installation début janvier, les terroristes ont de nouveau prouvé que leur capacité de nuisance dans ce pays était intacte, et que la Tunisie est encore loin d’être sortie de sa crise malgré la stabilité politique retrouvée après la dernière élection présidentielle. Après ce massacre, toute la classe politique tunisienne, à commencer par le parti au pouvoir, Nidaa Tounes, va devoir revoir sa copie, en tenant compte désormais d’une menace terroriste permanente qui touche de plein fouet le principal levier économique du pays : le tourisme. Renforcer la surveillance des frontières avec la Libye, à l’est, où l’afflux des armes et des groupes terroristes liés aux réseaux internationaux constitue une menace pour toute la région ; resserrer l’étau sur les maquis de Chambas, à l’ouest, où des groupes inféodés à Al-Qaïda se sont repliés depuis plus de deux ans : telles sont les deux prochaines priorités du gouvernement tunisien. Celui-ci n’a alors plus le choix que de poursuivre son étroite coopération avec l’Algérie pour tenter de juguler cette déferlante qui traverse la région.
R. Mahmoudi