Présidentielle 2014 : Benflis juge «accablant» le rapport de l’UE
Ali Benflis revient sur les conclusions du rapport de la mission d’observation de l’Union européenne sur la dernière élection présidentielle en Algérie. Les conclusions sont «accablantes» pour le pouvoir algérien et révèlent «toutes les instrumentalisations et toutes les manipulations frauduleuses dont a fait l’objet ce scrutin», selon Benflis. Ce dernier souligne que le constat de l’UE «vient s’ajouter à celui établi par The Electoral Integrity Project qui a valu à notre pays le classement peu honorable à la 103e place du point de vue de la transparence, de la régularité et de la sincérité des processus électoraux». Dans une déclaration faite à l’occasion de l’installation de l’instance nationale de préparation du congrès constitutif de son parti Talaiou El-Houriyet, Ali Benflis rappelle que «la mission d’observation de l’Union européenne a finalisé un rapport accablant et affligeant au sujet de la dernière élection présidentielle», et fait le parallèle avec le «Livre blanc» sur la fraude qu’il avait pour sa part «porté à la connaissance de l’opinion politique nationale le 30 septembre 2014 sans se voir opposer le moindre démenti ni la moindre contestation de la part des autorités officielles». Il estime que cette dernière actualité conforte ainsi, par le biais de sources internationales neutres et crédibles, le contenu des conclusions de son parti sur le scrutin ayant débouché sur le quatrième mandat. Qu’il s’agisse «du contexte politique propice à la fraude qui a été créé, des remaniements institutionnels qui ont été opérés pour faciliter cette fraude, de l’instrumentalisation de ces mêmes institutions à l’effet de conduire et de couvrir toutes les opérations frauduleuses, de la mise au pas de l’administration ou de la soumission de tout le contentieux électoral au bon vouloir de l’appareil politico-administratif en place, le rapport de la mission d’observation de l’Union européenne rejoint en tous points le Livre blanc», estime Ali Benflis dans sa dernière déclaration. Pour l’opposant politique, le dernier scrutin a été «une véritable confiscation par le régime politique en place, et un détournement de tout le processus de ses fins démocratiques et d’invalidation du choix du peuple souverain». Benflis ajoute que «la légitimité de nos institutions qui était contestée et mise en doute à l’intérieur même de nos frontières l’est désormais à l’extérieur de ces mêmes frontières». C’est dire combien, selon Benflis, «la légitimité de toutes les institutions est au cœur de la crise de régime à laquelle le pays est actuellement confronté, et combien une relégitimation de toutes ces institutions est un impératif auquel devra se soumettre tout processus de règlement de cette crise de régime». Par ailleurs, dans un commentaire sur les accusations portées contre l’opposition nationale par le pouvoir, Ali Benflis estime qu’il y a «une dégradation des mœurs politiques, un affaissement des comportements civilisés et la perte de l’élémentaire sens civique». Il souligne que «jamais des gouvernants de notre pays n’ont eu un comportement aussi arrogant, aussi méprisant et aussi amoral ; jamais ils n’ont usé d’un langage aussi agressif, aussi bas et aussi vulgaire ; n’ont semé autant de discorde, autant de division et autant de diabolisation dans notre paysage politique». Pour Benflis, «nous pouvons toujours apporter la contradiction en étant fermes, mais respectueux et courtois ; nous pouvons formuler nos critiques de manière sévère, mais civilisée et responsable ; nous pouvons toujours faire face à l’adversaire politique sans faiblesse et sans concession, mais sans le heurter et le blesser. La politique exige un sens élevé de la morale, de nobles convictions et des positions honorables. Et tout ce qui viendrait contrarier ces valeurs contrarierait en fait la vocation, la raison d’être et le message de la politique».
Meriem Sassi