Le scandale de l’autoroute Est-Ouest revient sur le devant de la scène : le procès des boucs émissaires ?
Le procès de l'autoroute Est-Ouest, qui s'ouvrira à Alger le 25 mars prochain, livrera-t-il enfin tous les secrets du scandale financier ayant englouti un milliard de dollars ? Le doute est malheureusement permis, car il est fort probable que ce procès soit traité de la même manière que celui de l’affaire Sonatrach 1 pour lequel Chakib Khelil n’est pas inquiété et qui a été reporté à la prochaine session criminelle. Le lourd dossier de corruption de l’autoroute Est-Ouest, truffée de malfaçons et encore en souffrance, n’a pas permis de mettre en cause, pour l’instant, les commanditaires et les véritables coupables de ce scandale financier dévoilé en 2009, hormis les boucs émissaires habituellement sacrifiés dans ce genre de scandale. Alors qu’Amar Ghoul, qui était à la tête du secteur des travaux publics au moment des faits, n’est cité qu’en tant que témoin, de nombreux accusés sont mis en cause et emprisonnés en attendant le procès. Il s’agit notamment de Chani Medjdoub, un Algérien établi au Luxembourg, accusé d'être à la tête du réseau ayant permis le versement de commissions occultes au profit du consortium chinois CITIC-CRCC et ses sous-traitants, ce qui aurait permis de détourner environ un milliard de dollars. L’intermédiaire aurait profité de ses connaissances haut placées pour favoriser le groupement chinois. Il fait partie d’une vingtaine d’accusés, dont des responsables relevant du département d’Amar Ghoul à l’époque des faits et un ex-officier du service de renseignement (DRS). Les accusations touchent également nombre de sociétés étrangères ayant travaillé sur le projet de l’autoroute Est-Ouest. Outre l’entreprise chinoise CITIC-CRCC, d’autres groupes – canadien, suisse, japonais, italien et portugais – sont notamment mis en cause, à des degrés divers, dans cette affaire de malversations. Les poursuites ont été enclenchées sous les chefs d’inculpation d’association de malfaiteurs, trafic d’influence, corruption et blanchiment d’argent, et dilapidation de deniers publics. Il est à rappeler que l’affaire avait été renvoyée devant le tribunal criminel par la Cour suprême qui a refusé les pourvois en cassation introduits en 2011 par la défense et l'accusation ainsi que la liberté provisoire et la levée du contrôle judiciaire demandés par la défense. Il reste à savoir si les autorités judiciaires en charge de ce dossier iront jusqu’au bout de ce procès qui devrait en principe mettre à nu un système de corruption quasiment «institutionnalisé» et favorisé par les recettes des années fastes du pétrole.
Meriem Sassi