L’Arav participe à un séminaire destiné à encourager des radios libres interdites en Algérie
L’Autorité de régulation de l’audiovisuel (Arav), créée récemment, annonce dans un communiqué que son président Miloud Chorfi effectuera un déplacement à Tunis pour participer à un colloque sur les radios associatives bien qu’i n’en existe aucune Algérie, contre une soixantaine en Tunisie. Il participera à une rencontre sur le thème de la régulation de ces médias engagés dans le Maghreb et au Moyen-Orient et les défis auxquels ces radios sont confrontées. Le colloque, qui se tient ce 23 mars, est organisé à l’initiative de l'Assemblée mondiale des radios communautaires (Amarc), dans le cadre du Forum mondial des médias libres. Le communiqué de l’Arav nous apprend que son président parlera des réformes engagées par Abdelaziz Bouteflika dans le secteur de l’audiovisuel. Ira-t-il jusqu’à s’enorgueillir de l’existence de chaînes de télévision privées dont le ministre, Hamid Grine, a dit qu’elles manquaient, pour certaines, de professionnalisme et ne respectaient pas la déontologie du journalisme ? Autrement dit, ces chaînes ont le tort d’user d’une liberté de ton dans leurs reportages sur le pays profond, qui est aux antipodes du «tout va bien» que le pouvoir veut imposer comme credo à la presse et, plus largement, à l’opinion publique. Le passage, retiré et donc controversé, du discours présidentiel à l’occasion du 19 Mars, lu par un de ses conseillers, est inoubliable par l’attaque frontale qu’il a lancée contre «une presse» définie comme n’ayant «aucun souci de son éthique professionnelle» sous le seul prétexte qu’elle soutiendrait l’opposition présentée, quant à elle, comme «des pseudo hommes politiques». Dans le même discours, la même presse est accusée de «s’évertuer, matin et soir, à effrayer et démoraliser ce peuple, à saper sa confiance dans le présent et l’avenir». Miloud Chorfi n’ignore sans doute pas ce que sont les médias associatifs ou communautaires, c'est-à-dire des alternatives aux médias publics et commerciaux. Ni pour quelle raison l’Amarc, qui a son siège au Québec, les soutient. L’Amarc appuie ces médias pour le rôle subversif qu’ils peuvent jouer et non pas pour encourager une quelconque diversité médiatique. C’est ce qui motive les animateurs de cette entité, une organisation bien implantée en Tunisie où elle organise régulièrement des cycles de formation destinés aux acteurs de ces médias associatifs, comme celui qui se déroule actuellement, entre le mois de février et le mois de mai 2015, en partenariat avec le Centre africain de perfectionnement des journalistes et communicateurs (CAPJC) et le Media Development Center (MDC). Les médias associatifs ne sont pas sans intérêt. Mais elles sont interdites en Algérie. Alors, pourquoi prendre part au colloque de Tunis ?
Houari Achouri