Dangereux enfantillage
Par Kamel Moulfi – Les «sources sûres» citées pour prouver la véracité d’un fait ne sont plus une garantie contre la désinformation. Galvaudées, elles contribuent finalement à la perte de repères et le public qui s’égare ne sait plus quel crédit donner aux nouvelles rapportées par les médias. Cette dérive renforce l’idée selon laquelle la presse utiliserait abusivement son pouvoir de dire ce qu’elle veut, pour raconter n’importe quoi. Certes, le travail journalistique n’est pas à l’abri d’erreurs ni de dérapages, mais quand il s’agit d’informations sensibles, comme le sont celles qui touchent à la situation sécuritaire, la plus grande vigilance doit être exercée et l’exigence de rigueur absolument respectée. Ce n’est pas toujours le cas. Le besoin de faire du chiffre semble être le leitmotiv principal de certains médias qui n'hésitent pas à mentir quitte à ce que ce mensonge desserve les intérêts du pays. Y a-t-il une opération commandée visant à faire fuir les étrangers d'Algérie après l'attaque du Bardo à Tunis ? Il est difficile, s’agissant de l’affaire des ouvriers turcs de Tizi Ouzou, de croire, en effet, à un simple «faux tuyau», vu la conjoncture. La cellule de communication de la wilaya de Tizi Ouzou qui est la source la plus sûre pour les questions qui concernent son territoire a mis les choses au point. Il n’y a pas de lien entre la situation sécuritaire dans cette wilaya et le transfert d’ouvriers turcs d’une base de vie à une autre, opéré dans l’après-midi du 22 mars 2015. Et encore la maladie des chiffres, manipulés pour servir le sensationnel : ce ne sont pas des centaines mais une quarantaine d’ouvriers turcs qui ont été concernés par ce transfert. Si on voulait, au contraire, minimiser l’ampleur de l’événement, sans toucher au fait, on aurait dit «même pas une poignée de dizaines». Mais pour faire du chiffre, dans tous les sens, il faut au contraire gonfler, quitte à tordre le cou aux fondamentaux du métier de journaliste. Circonstance aggravante, répétons-le, il s’agit d’une information à caractère sécuritaire.
K. M.
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