Gaz de schiste : les manifestants réinvestissent In Salah
La lutte contre l’exploitation du gaz de schiste reprend de plus belle à In Salah. Des centaines de manifestants ont réinvesti, hier soir, la place de la Résistance, au centre-ville, pour dénoncer l’arrivée en catimini au site d’Ahnet de matériel qui serait destiné à la fracturation hydraulique. Les opposants à l’exploitation de ce gaz non conventionnel, aux procédés extrêmement polluants, se considèrent «trahis» par les autorités, qui n’ont cessé de rassurer qu’il s’agissait d’une simple opération expérimentale visant à mieux connaître les potentialités de ce site, situé à une trentaine de kilomètres de la ville d’In Salah. Des dizaines de manifestants se sont encore rassemblés ce matin au niveau du centre-ville, brandissant des pancartes à travers lesquelles ils dénoncent le «double discours du gouvernement», atteste l’un de ces militants joint par téléphone. «Nous ne savons pas si c’est réellement du matériel de fracturation hydraulique. Nous aimerions y aller sur place et faire une constatation directe. Mais il nous est interdit de nous rapprocher du site de la compagnie américaine Haliburton», relève non sans frustration notre interlocuteur qui reconnaît que la mobilisation a été faite sur la base d’une rumeur. «Que voulez-vous qu’on fasse. Rester les bras croisés ? Vaut mieux se tromper que de se dire nous avions pu le dénoncer», enchaîne-t-il, stigmatisant l’absence totale de transparence dans la gestion de «ce dossier qui engage, précise-t-il, non seulement l’avenir de la population d’In Salah, mais celui de tout le pays, car les réserves immenses d’eau souterraine dont regorge la région appartiennent à tous les Algériens». Les manifestations antigaz de schiste se poursuivent depuis le 31 décembre 2014. Le gouvernement, qui refuse de remettre en cause l’option entérinée en Conseil des ministres de l’année dernière, tente de rassurer sur notamment la prise en considération par les études d’impact de l’aspect environnemental et sanitaire, et en précisant que l’exploitation de ce gaz non conventionnel n’interviendra pas avant 2020. Dans son message à l’occasion de la journée nationale de la Victoire, le 19 mars dernier, le président Bouteflika est revenu sur le sujet, appelant les citoyens d’In Salah à rester «attachés à la patrie et à ses intérêts». Il les exhorte «à privilégier la sagesse et à faire prévaloir la raison», car, affirme-t-il, «la préservation de la santé des citoyens et de leur environnement est la ligne rouge que ni l’Etat ni nulle autre partie ne peuvent franchir». Un appel qui ne semble pas avoir eu l’écho souhaité.
Rafik Meddour