Le procès de l’autoroute Est-Ouest s’ouvre sans Amar Ghoul
Le procès de l’autoroute Est-Ouest s’est ouvert au tribunal criminel d'Alger. Ce procès durant lequel seront jugées 16 personnes et sept entreprises étrangères en tant que personnes morales commence difficilement, présageant ainsi un report à la prochaine session criminelle. Certains témoins n’étaient pas présents à l’ouverture de ce procès, dont le directeur de la résidence d’Etat du Sahel, Hamid Melzi. Parmi les principaux accusés, il y a le secrétaire général du ministère des Travaux publics et le consultant du groupe chinois CITIC-CRCC, Chani Mejdoub. Amar Ghoul, dont le nom a été cité plusieurs fois dans les différents PV d’audiences des accusés, ne figure même pas comme témoin dans cette affaire de corruption à grande échelle. Les avocats du principal accusé, à savoir le secrétaire général du ministère, ont pourtant demandé à ce qu’il soit entendu au moins en tant que témoin. En vain. Le procès a débuté par l'appel, par le président de la séance, des accusés, de leurs défenseurs et des témoins, dans une salle pleine à craquer. Outre les avocats, de nombreux journalistes et personnalités du monde des affaires ainsi que des citoyens lambda ont envahi à l'ouverture des portes du tribunal la salle où vont se dérouler les péripéties de cette affaire qui a fait couler beaucoup d’encre et continue toujours à faire la Une des tabloïds de la presse nationale. Le procès porte sur une grosse affaire de corruption et de dilapidation de deniers publics, qui avait éclaté en 2009. Elle est importante par les montants détournés ou dilapidés qui se chiffrent en milliards de dinars. Elle revêt également un cachet particulier en raison du nombre d’entreprises présentes comme personnalités morales au box des accusés. Il s’agit de Citic-CRCC (Chine), Cojaal (Japon), SM Inc (Canada), Isolux Corsan (Espagne), Pizarotti (Italie), Garanventas (Suisse) et Coba (Portugal) ; elles vont répondre de plusieurs délits criminels. La défense des accusés avait, à l’automne dernier, introduit un recours pour que l’affaire soit jugée par un tribunal correctionnel, estimant que les crimes économiques reprochés à leurs clients sont des délits. La Cour suprême dans son arbitrage avait invalidé la requête de la défense et maintenu le procès devant le tribunal criminel, en ne requalifiant pas l’affaire en tant que délit. L’affaire porte sur l’octroi de commissions dans la passation de marchés publics pour la réalisation de l’autoroute, sur 1 216 km, qui a coûté plus de 16 milliards de dollars sans qu’il soit encore achevé. Il est cependant fort à parier que le procès aboutisse à un renvoi à la prochaine session criminelle dans la journée. L’absence relevée des avocats de Chani Mejdoub pourrait ainsi constituer un motif de report.
Sonia Baker