Guerre d’usure
Par Kamel Moulfi – La communication officielle sur les questions politiques, celle qui vient du pouvoir et de ses représentants, directement au sein du gouvernement ou dans sa périphérie, à partir des institutions qui lui sont rattachées ou des partis qui le composent, perd son crédit et le peu de gens qui s’y intéressent, essentiellement les professionnels des médias et les analystes, ne savent plus qui croire. Les deux épisodes récents, celui du discours présidentiel à l’occasion du 19 Mars et celui de l’intervention du secrétaire général du FLN faite immédiatement après, qui ont subi, tous deux, des corrections apportées discrètement de façon informelle, mais détectables par le moins perspicace des observateurs, ne sont que les illustrations d’une dérive dans la communication qui exprime en fait les contradictions au sein du pouvoir sur des questions cruciales. Les rectifications portées au discours de Bouteflika et à l’intervention de Saïdani touchent au statut de la presse privée et à celui de l’opposition politique, censées être des contre-pouvoirs. Une grande partie de l’argumentaire sur la révision de la Constitution visait à gagner à cette démarche l’adhésion de l’opposition qui l’avait boycottée. Les références au renforcement de la place de l’opposition, à la consolidation des libertés et de la démocratie, à la préservation de la liberté de la presse… emplissaient les communiqués. La dernière fois qu’il en a été question officiellement et dans le détail, c’était à la fin 2014. Le président Bouteflika n’avait pas renoncé alors à faire participer l’opposition à cette consultation qui reflète, selon lui, «l'esprit même de la démocratie» et est menée «dans le respect des différences». Puis, un grand virage dans le sens contraire à ces idées généreuses. Il faut se demander si la véritable guerre d’usure qui s’est instaurée progressivement entre le pouvoir et l’opposition n’a pas eu pour effet de faire tomber des masques dans certains cercles du pouvoir qui pensent sortir de l’impasse par l’usage de la force.
K. M.
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