Rencontres de Saïdani avec les officiels algériens et étrangers : le FLN prépare-t-il «son» gouvernement ?
Depuis quelques semaines, le secrétaire général du FLN multiplie les sorties et les rencontres avec différents acteurs politiques nationaux et représentants diplomatiques étrangers, tout en donnant l’air de souffler le chaud et le froid sur la scène politique nationale. Ainsi, ces deux derniers jours, il a eu successivement des entrevues en tête-à-tête avec le Premier ministre Abdelmalek Sellal et l’ambassadeur de Grande-Bretagne en Algérie, après avoir eu, en février dernier, des rencontres avec les représentants diplomatiques de plusieurs pays comme la France et l’Italie. Une agitation qui s’expliquerait par l’approche d’un changement de gouvernement – on ne parle plus d’un simple remaniement ministériel – et d’une échéance importante – l’adoption de la nouvelle Constitution – qui servira de nouveau test pour la majorité, et plus particulièrement pour Amar Saïdani. Celui-ci a survécu jusqu’ici à toutes les tentatives de destitution qui le visaient dans son parti, grâce à sa pugnacité, mais, surtout, à son discours de surenchère, à la limite de l’effronterie, par lequel il veut se positionner sur l’échiquier politique en y occupant la place dont il est convaincu qu’elle revient à son parti, en faisant valoir à chaque fois sa proximité – réelle ou conjoncturelle – avec la Présidence. Si rien n’a filtré des discussions qu’il a eues avec le Premier ministre, il est clair que la tendance est désormais à la formation d’un gouvernement partisan. Seul moyen, pour le pouvoir, de sortir de l’impasse actuelle dans laquelle les «technocrates» se sont fourvoyés (clash avec l’opposition, protestation grandissante dans le Grand Sud, grève catastrophique dans l’éducation, retards dans l’amendement de la Loi fondamentale, apathie de la classe politique se réclamant du programme du chef de l’Etat…). Une mission qui ne pourrait échoir qu’au parti «majoritaire» qui a déjà eu, par le passé, à assumer ce rôle dans des situations de crise politique. D’autant plus que le patron du FLN a toujours réclamé le «droit légitime» de son parti à diriger l’Exécutif, arguant même qu’il en est spolié. C’est donc pour lui l’occasion de remettre sur le tapis ses «exigences» et de négocier la part et la nature des portefeuilles qui lui seront réservés dans le prochain gouvernement. Saïdani peut déjà monnayer la caution de son parti au niveau de l’APN par rapport à l’adoption de la révision constitutionnelle qui sera soumise au Parlement très bientôt et qui, selon toute vraisemblance, devrait survenir avant l’annonce d’un nouvel Exécutif. Une caution qui, certes, paraît tout à fait formelle dans les traditions politiques de l’ex-parti unique. Mais dans l’hémicycle, le débat va certainement permettre une reconfiguration de la scène politique, avec de nouvelles alliances, en perspective des prochaines échéances électorales.
R. Mahmoudi