Mezri Haddad dénonce le comportement hypocrite de Nicolas Sarkozy après les attaques de Tunis

«Complice utile de l'émirat bédouin du Qatar» : pour les connaisseurs de la vraie histoire de l’agression occidentale contre la Libye, qui a conduit à l’assassinat de Mouammar Kadhafi, le qualificatif va comme un gant à Sarkozy. C’est le philosophe tunisien Mezri Haddad qui ravale l’ancien président français à ce rang. Et Sarkozy l’a bien cherché, après l’attentat terroriste contre le musée du Bardo, il a raté l'occasion de prouver qu’il pouvait «avoir la décence de se taire», «faute de s'excuser auprès des peuples libyen et tunisien», fait remarquer Mezri Haddad dans un long article qui a été publié dans Le Huffington Post. Au moment où un Forum social mondial se déroule à Tunis, avec la forte empreinte de l’obsession occidentale à se mêler des affaires des pays arabes et musulmans, sous prétexte de leur apporter la démocratie et les droits de l’homme, il est bon de relire l’article de Mezri Haddad qui sait parfaitement de quoi il parle. Le comportement de Sarkozy est une caricature fidèle de l’hypocrisie de ces «gladiateurs européens de l'antiterrorisme», comme il les appelle, qui ont longtemps abrité chez eux l’appareil logistique du terrorisme (approvisionnement en armes, listes de cibles, propagande, collecte d’argent, etc.) et qui, de ce fait, endossent une grande responsabilité dans sa prolifération partout dans le monde. Les Algériens en savent quelque chose, et, après eux, les populations en Syrie, en Libye, en Egypte, en Irak et en Tunisie, aussi, en font l’amère expérience. Comment Sarkozy peut-il être capable d’une aussi grossière indécence au point d’envoyer un message – une «homélie pharisienne», a écrit Mezri Haddad – aux Tunisiens pour leur dire : «Plus que jamais la France et ses alliés doivent combattre sans faiblesse la barbarie terroriste où qu'elle se trouve parce qu'elle est une menace pour nos pays, et parce qu'elle est l'ennemie de la civilisation.» Qui a armé les tueurs ? Cette question ne pouvait échapper à Mezri Haddad qui a rappelé que «Nicolas Sarkozy savait intimement que les quantités d'armes impressionnantes livrées par la France, payées par le Qatar et introduites en Libye par les frontières sud de la Tunisie, allaient forcément tomber entre les mains des islamo-fascistes». La preuve est donnée par Rafik Chelly, le secrétaire d’Etat tunisien chargé des affaires sécuritaires, cité par Mezri Haddad : «Les deux auteurs de l'attentat du musée du Bardo à Tunis se sont formés au maniement des armes en Libye», dans des camps d’entraînement de djihadistes à Sabratha, Benghazi et Derna, initialement supervisés par le Qatar et la Turquie, pour les envoyer mener le « djihad démocratique» en Syrie, où le premier contingent arabe de terroristes est de nationalité tunisienne et le premier contingent européen de terroristes est de nationalité française. Cette précision est de Mezri. Qui va croire à la sincérité de l’ancien président français quand il adresse aux familles et aux proches des victimes de l’attaque du musée du Bardo ses condoléances et leur exprime sa solidarité. La réalité, l’ancien ambassadeur tunisien n’hésite pas à la dévoiler, c’est que depuis que George W. Bush s’est lancé dans sa croisade contre l'Irak en 2003, certains Occidentaux se sont crus autorisés à «aller casser de l'Arabe ou de l'Africain, en toute impunité, sous le prétexte fallacieux des droits de l'Homme et du messianisme démocratique». Une nouvelle fois, Mezri Haddad mérite d’être classé «atypique». Il est allé dès le début, en janvier 2011, à contre-courant de l’euphorie ambiante et de l’enivrement au parfum du jasmin, en montrant le danger de l’islamisme qui émergeait au grand jour dans le feu de ce que déjà les Occidentaux appelaient «printemps arabe», porté par le mouvement soi-disant spontané des jeunes. Il a créé le concept d’islamo-atlantistes pour mieux dévoiler les véritables visées des pays occidentaux. La raclée qu’il administre à Sarkozy fait partie de la même démarche pédagogique. Merci M. Mezri.
Houari Achouri