Marcher ne sert à rien
Par Kamel Moulfi – C’est la nouvelle mode : après chaque attentat, une marche internationale est organisée. Celle d’aujourd’hui à Tunis fait suite à l’attaque terroriste contre le musée du Bardo le 18 mars. C’est une imitation de la marche «républicaine» de Paris du 11 janvier qui était, elle, motivée par le choc de l’attaque contre la rédaction de Charlie Hebdo, en pleine capitale française, et par l’urgence d’y remédier. L’annonce de la participation de dirigeants européens à la marche de Paris avait produit un effet d’entraînement sur d’autres pays voisins. On a pu voir, ce jour-là, le terroriste Netanyahou au premier rang des «marcheurs». A Tunis, la «grande marche républicaine contre le terrorisme» se veut, elle aussi, d'envergure internationale. C’est le président Béji Caïd Essebsi qui invite, et le premier à avoir fait connaître qu’il y serait est le président français François Hollande, initiateur de cette mode. D’autres chefs d'Etat, arabes et étrangers, sont attendus. A quoi serviront ces manifestations protocolaires, sinon à gaspiller du temps, de l'argent et de l'énergie au lieu de concentrer les efforts sur la lutte antiterroriste sur le terrain sans tambour ni trompette. Ce dont la communauté internationale a besoin, c'est d'une réaction efficace aux violences terroristes et non pas de rassemblements médiatiques obsolètes. Preuve en est que la marche de Paris a débouché sur les attaques du Bardo à Tunis quelques semaines plus tard… avec des victimes originaires de pays européens, dont quatre venaient de France. Moins d'une semaine après le Bardo, un autre attentat terroriste a ciblé des militaires tunisiens près de Kef. A-t-on besoin de marcher pour prouver qu'on est contre le terrorisme ? On commence à mieux comprendre en Europe que les ingérences en Libye et en Syrie ont été des déclencheurs des activités terroristes dans le voisinage. La meilleure façon d’aider les pays comme la Tunisie à lutter contre le terrorisme et à construire la démocratie est d’arrêter d’apporter le soutien direct et indirect aux groupes de criminels qui agissent en Syrie et ailleurs. Quant aux pays touchés par ce fléau, l’exemple algérien montre que la riposte la plus efficace aux terroristes est dans la mobilisation de la population et dans l’action des forces de sécurité.
K. M.
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