La centrale syndicale appelle à l’interdiction de l’importation des produits fabriqués localement
L’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) œuvre pour l’instauration de mesures protectionnistes de la production nationale. Par la voix de son conseiller à l’économie, Mohamed Lakhdar Badreddine, la Centrale syndicale appelle ainsi à l’interdiction de l’importation de tous les produits fabriqués localement. Pour ce conseiller, qui s’exprimait ce matin sur les ondes de la Chaîne III de la Radio algérienne, il n’y a pas d’autres moyens possibles de limiter les importations que d’instaurer de nouvelles règles visant à protéger le produit local. «Comment voulez-vous ne pas s’offusquer lorsque l’on découvre que l’on importe de la tomate, de l’oignon ou encore des cure-dents», tonne-t-il, qualifiant d’insoutenable la situation actuelle du commerce extérieur. Ce conseiller et membre du Conseil exécutif de l’UGTA estime que protéger l’économie nationale de l’importation est «vital» pour l’avenir de l’Algérie, affirmant que «la croissance ne pouvant, en aucun cas, dans l’étape actuelle, être assurée par une totale liberté du marché». Il insiste sur le fait que l’Algérie doit impérativement agir pour «mettre un frein aux importations à outrance en les régulant et en encourageant la consommation de produits de même nature fabriqués en Algérie». «Je ne comprends pas comment nous importons des lampes électriques, alors que nous disposons d’une usine pouvant les produire, pour autant qu’elle dispose des matières premières nécessaires.» Il soulève la même question en évoquant «les radiateurs à gaz qui sont aussi fabriqués chez nous et en grande quantité». Le représentant de l’UGTA appelle ainsi au «patriotisme économique» en vigueur même dans les pays les plus libéraux, comme les Etats-Unis. «Dans certains cas, nous devons interdire l’importation de produits pouvant concurrencer les nôtres. Les Etats-Unis ont bien une loi interdisant l’introduction de produits concurrents à leur économie, pourquoi pas nous ?» Pour lui, il y a un potentiel industriel en Algérie qu’il faut protéger et encourager, notamment dans certains domaines comme la mécanique qui peut se développer rapidement. Mais pour ce faire, il faudra, selon lui, mettre un terme à la concurrence déloyale. Le représentant de l’UGTA s’oppose dans ce sillage à la privatisation des entreprises publiques, affirmant que l’Algérie n’a rien gagné en vendant «l’usine sidérurgique d’El Hadjar, l’ENAD, l’entreprise de gaz industriels». «Je suis contre la privatisation, poursuit-il, parce qu’elle ne favorise ni la production ni la croissance de l’emploi et que, de plus, elle encourage l’exportation de devises.»
Rafik Meddour