Une contribution de Nazim Mekbel(*) – Madani Mezrag, l’amnistie et la famille qui avance

L'intervention de Madani Mezrag sur Echorouk TV le 25 mars, qui intervient trois jours après la journée pour la mémoire du 22 mars, m'a laissé perplexe. Pour commencer, je fus frappé par son aisance à raconter ses actions, aussi bien les siennes que celles de ses hommes, et quand la journaliste lui pose une question dérangeante, le ton monte, son regard se fait ferme et sa main accompagne la voix haute comme pour la convaincre de ses vérités ! Je comprends alors le ralliement populaire et l'engouement de beaucoup de personnes à sa version des faits, accompagnant ce fameux «qui tue qui». Nous voilà face à un «émir» qui avoue avoir tué pour défendre un vote acquis, un droit obtenu, tuant pour protéger sa propre vie ! Si la position de cet «émir» tranche avec les «li fet met» de ces personnes qui veulent oublier le passé et vivre l'avenir, elle étouffe totalement l'autre voix, celle des démocrates républicains. Il faut reconnaître que pour le moment, nous avons eu droit aux positions de Dhina, de Mezrag et consorts, imposant leurs visions et versions, mais rien, absolument rien, de la part de «la famille qui avance». Cette famille qui, rappelons-le, début des années 90, militait dans la rue et qui a vu disparaître plusieurs de ses nobles militants. Oui, la famille qui avance fut décimée par l'assassinat de plusieurs de ses leaders et elle ne put jamais s'en remettre. Toutes les tentatives de reprise furent plus ou moins avortées pour des raisons qui nous dépassent. Des raisons qui ont stoppé toute volonté progressiste, pis encore, elles continuent à nuire aux actions qui tendent à se battre contre ceux qui profitent d'une audience de plus en plus forte et légitimée par un attrait médiatique et une loi d'amnistie abjecte. Le constat est là, nous reprochons le retour des repentis sur le devant de la scène et leur pouvoir grandissant, mais dans les faits, nous nous plaignons du travail médiatique qu'appliquent sournoisement les islamistes sans, nous-mêmes, offrir d'alternative, sinon nous opposer entre nous. Oui, la famille n'avance plus, elle s'embourbe dans des histoires futiles et stupides s'alimentant de bruits de couloir, laissant l'auditoire national attentif à l'islamisme politico-médiatique validé par la complicité d'un pouvoir perfide.
Deux solutions s'imposent. Rester dans cet immobilisme, à se pousser du coude, en se plaignant de voir ces repentis œuvrer à prendre leurs aises ou alors agir ensemble comme cette famille qui avance dont nous nous revendiquons si timidement.
N. M.
(*) Nazim Mekbel est le fils du grand billettiste du quotidien Le Matin assassiné par les Groupes islamistes armés à Hussein Dey, en décembre 1994.
 

Pas de commentaires! Soyez le premier.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.