De nombreux adeptes volent au secours du charlatan Belahmar : vers des sectes en Algérie ?

L'information donnée par El Khabar à propos de l’accueil triomphal réservé par des dizaines de disciples à leur gourou, le raqi Belahmar, à sa sortie, hier soir, du tribunal de Relizane, dénote d’une grave dérive qui prélude à l'apparition de sectes en Algérie. Tout d’un défilé de victoire et ce n’était pas un poisson d’avril : une longue procession de voitures qui ont parcouru les principales artères de la ville, klaxons et acclamations et, trônant au milieu du cortège, Belahmar, auréolé d’une première décision de justice qui est présentée par ses adeptes, et la masse qui les suit, comme la preuve de son innocence et pis encore, qu’il est dans son droit quand il pratique la roqia. A Relizane, les gens n’en revenaient pas. Ils s’attendaient à ce qu’il soit placé sous mandat de dépôt et le voilà libre. Belahmar avait été arrêté par la police, il y a deux jours, après le décès, dans sa «clinique privée» à Relizane, d’une fille de 20 ans, originaire de Bordj Bou-Arréridj. Le charlatan ne s’en sort pas encore définitivement, lui et ses complices, puisqu’ils sont placés sous contrôle judiciaire par le juge d’instruction. Mais la situation semble être à son avantage. Selon El Khabar, les parents de la jeune fille, par fatalisme, ont renoncé à poursuivre en justice le «hadj Belahmar», comme ils le nomment et, en plus, le parquet de Relizane compterait introduire un recours contre la décision du juge d’instruction de mettre le charlatan sous contrôle judiciaire. Il paraît qu’il y aurait un vide juridique dans ce cas. Mais il reste, toujours d’après El Khabar, l’exercice sans permis d’une activité réglementée et surtout l’homicide involontaire. En fait, le spectacle lamentable offert hier soir à la sortie du tribunal de Relizane ne fait que confirmer l’essor du charlatanisme, non seulement parce qu’il se drape de la religion – le pseudo-guérisseur de Relizane est un hadji –, mais pour d’autres raisons aussi dont celle liée à l’indigence du système de santé dans notre pays n’est pas la moindre. Dans une ambiance de médiocrité qui fait la part belle aux idées obscurantistes pour éviter d’affronter les problèmes réels et échapper à la recherche difficile des vraies solutions, le charlatan, qu’il soit raqi ou pseudo-taleb, devient le recours privilégié pour faire sortir les démons des corps ou guérir des maladies prétendument incurables. Le plus grave est que les anecdotes qui se racontent sur ce phénomène amusent plus qu’elles inquiètent. La base du charlatanisme s’élargit grâce à une frange arriérée dans la population, qui se développe au sein de la société et, insensiblement, sans faire de bruit, gagne du terrain à la faveur d’une culture religieuse rudimentaire. En hésitant à combattre fermement ce phénomène, sous prétexte de ne pas heurter les croyances religieuses, les autorités concernées donnent des signaux qui encouragent le charlatanisme. C’est parce qu’il y a eu la mort de la jeune étudiante originaire de Bordj Bou-Arréridj que les projecteurs de l’actualité ont été braqués sur le raqi de Relizane. Combien d’autres sectes rétrogrades prospèrent dans l’ombre en Algérie ?
Houari Achouri
 

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