Ciel, que c’est beau !
Par Kamel Moulfi – Avec, au moins, quelques années de retard, le reportage de l’émission Thalassa sur le littoral de l'Algérie défonce, aux yeux de beaucoup d’Algériens, des portes ouvertes. Des choses devenues banales sur la côte algérienne sont présentées aux Français comme extraordinaires. En Algérie, les plages étaient fréquentées avant la décennie du terrorisme par familles entières qui plantaient leurs tentes pour tout l’été quand le littoral était sûr et non privatisé. Le terrorisme a produit une rupture, mais dès qu’il fut vaincu et avec l’accalmie, à nouveau les plages étaient remplies par des familles qui acceptaient même de payer pour obtenir leur place sur le sable fin, sans l’aide d’aucune «société civile». Il n’y a qu’à voir les embouteillages interminables qui se forment en été sur les routes le long de la côte et à l’entrée des sites balnéaires. L’Algérien a toujours profité des plaisirs de la mer, il n’y a aucune découverte à faire sur ce plan. Seulement, le reportage français nous a permis de montrer la beauté de notre pays grâce à de sublimes images prises du ciel (hélico) et diffusées en qualité HD, ce qui a fait apparaître dans toute sa splendeur la magnificence des côtes algériennes d'ouest en est ; ensuite, le reportage a fait découvrir une catégorie d'Algériens (pêcheurs, plongeurs, chefs cuisiniers, militants écologistes, etc.) très cultivés, maniant le français avec une aisance inouïe, preuve que tout ne va pas si mal en Algérie, finalement. Ceci, il a fallu une équipe de reporters français pour le faire, comme si les nôtres en étaient incapables. C’est la démonstration que le paysage audiovisuel algérien est à revoir de fond en comble. Seul bémol, les clichés qui reviennent à chaque fois dans ce genre de reportages : le raï à Oran, les filles en bikini sur les plages, la nouvelle jet set… Un réflexe conditionné chez les journalistes occidentaux, comme s'ils s'attendaient à découvrir des Algériens vivant au Moyen-âge. Le prochain été leur offrira encore une fois la preuve qu’ils se trompent lourdement.
K. M.
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