CAN-2017 : l’échec de trop ?
L'échec cuisant, voire même le désastre, subi par les aventuriers au pouvoir – qui croient que l'argent leur permet tout –, à obtenir l'organisation par notre pays de la Coupe d'Afrique des nations de football 2017, finalement attribuée au modeste Gabon, malgré toutes les concessions accordées à Issa Hayatou, le puissant président de la Confédération africaine de football, constitue un camouflet cinglant pour Mohamed Raouraoua, l'inamovible président de la Fédération algérienne de football, qui a mis cette institution sportive nationale au service exclusif du pouvoir. Donnée théoriquement favorite, comme lors de la Coupe d'Afrique des nations de 2015, tenue récemment en Guinée équatoriale, l'Algérie vient de connaître un véritable séisme, dont le pouvoir ne se relèvera certainement pas de sitôt, à l'instar de la famille Moubarak, après l'élimination par l'Algérie de l'équipe nationale égyptienne de football pour la qualification à la phase finale de la Coupe du monde de football, qui a eu lieu en juin 2010 en Afrique du Sud. La fin pathétique d'un pouvoir, qui voulait gérer notre pays par la généralisation de la corruption et de maux et fléaux sociaux, sera sans aucun doute précipitée par cet échec, qui constitue l'humiliation de trop, déjà vivement dénoncée par l'opposition et la société civile algériennes, qui réitèrent aujourd'hui plus que jamais leur revendication légitime d'une élection présidentielle anticipée afin d'assurer une alternance pacifique au pouvoir pour sortir le pays de l'impasse dans laquelle il se trouve actuellement, à cause de la fuite en avant suicidaire d'un pouvoir isolé, qui multiplie les forfaitures telles la mascarade du 17 avril 2014 et la dangereuse et la quasi unanimement décriée réforme de la Constitution, qu'il envisage d'imposer à la nation afin de s'auto-amnistier des abus, méfaits et forfaits commis depuis avril 1999. Au-delà donc du départ de Raouraoua et de Tahmi, le ministre des Sports, et de la responsabilité de la diplomatie algérienne à laquelle certains veulent manifestement imputer cet échec en lui reprochant « son incapacité à convaincre nos partenaires africains à voter pour la candidature algérienne malgré l'annulation de la dette de plusieurs pays africains vis-à-vis de notre pays, pour un total de plus d'un milliard de dollars ( voir article publié aujourd'hui dans un quotidien algérien, sous le titre «L'Etat a-t-il appuyé la candidature algérienne ?», le tsunami de la CAN-2017 va certainement emporter dans son sillage un clan qui a honteusement privatisé les institutions de la République, et usé et abusé des deniers publics pour satisfaire les lubies d'un président visiblement frappé de sénilité avancée et qui est dans l'incapacité physique, mentale et morale d'assumer correctement ses fonctions, qui devient le problème n°1 du pays et dont le maintien, par la force et la fraude massive, ne pourra que nuire davantage à la crédibilité de notre pays, déjà sérieusement malmenée dans de nombreux domaines depuis avril 1999.
Comme le dit le vieil adage, «à quelque chose malheur est bon», en ce sens, la CAF a rendu un grand service au peuple algérien en provoquant le déclic dont il avait tant besoin pour sortir de sa torpeur et montrer ses crocs de loup qu'on a longtemps méprisé et pris pour un agneau serviable et corvéable à merci.
Rabah Toubal