Des plaisirs du palais
Par Sarah L. – «Je n’ai pas décrété que l’homme pouvait manger sa femme !» C’est en ces termes que le mufti saoudien aurait clamé son innocence à l’agence de presse officielle de son pays, expliquant que des esprits malintentionnés lui auraient attribué des propos qu’il n’aurait «jamais tenus», d’autant que les musulmans sont «préoccupés par des problèmes autrement plus graves» – sans doute fait-il allusion à l’intervention militaire ordonnée par son roi au Yémen. Ce législateur islamique vénéré par ses compatriotes se défend, ainsi, de réduire la femme à un mets qu’on serait autorisé à bouffer à s’en faire péter la sous-ventrière. Pas à ce point, quand même ! Non seulement la femme se marche dessus car elle est l’inférieure de l’homme mais, en plus, elle n’est pas comestible. La femme est tout drapée parce qu’elle est la propriété de l’époux et, qu’à ce titre, elle ne peut être vue par autrui, une awra,partie honteuse et déshonorante de la société qu’il faut enfermer dans un morceau de tissu, mais sans pouvoir l'enfourner. La femme ne se mange pas, voyons ! Sinon, comment les hommes pourraient-ils faire bonne chère s’ils venaient à épuiser cette faune et arrêter la procréation, se privant ainsi des jouissances que leur procure ce corps dont on autoriserait la cuisson et menant le monde à sa fin ? Mais bien sûr que notre mufti ne permettra pas que soit porté atteinte aux plaisirs de l’homme, mâle dominateur et dominant qui serait réduit au mieux à s’autosatisfaire, au pire à transgresser les lois naturelles au risque d’ébranler le trône de Dieu. Non ! Notre mufti n’ira pas jusque-là. La femme doit continuer d’exister, mais sous l’emprise du géniteur à qui elle doit obéissance et soumission, obédience et acquiescement. La femme ne doit pas être mangée mais seulement goûtée par ces vautours engaillardis qui la maudissent le jour et tombent à ses pieds la nuit.
S. L.
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