La référence «Bab Ezzouar»
Par Kamel Moulfi – Il arrive que les petites phrases lancées par le Premier ministre Abdelmalek Sellal, à l’occasion de ses visites sur le terrain, concentrent tout ce que devrait contenir un «livre blanc» sur le sujet concerné. A Hassi Messaoud, devant la maquette de ce que l’on appelle pompeusement la Nouvelle Ville, il aurait dit, selon un confrère : «Refaites-moi tout cela ! Nous ne sommes pas à Bab-Ezzouar !» Il y a donc du «Bab Ezzouar», dans ce projet et l’injonction du Premier ministre de «refaire tout ça» indique que le quartier qui jouxte la prestigieuse université Houari-Boumediene n’est pas du tout la référence à prendre. Ah bon ? Et pourquoi continuent-ils alors de construire en série des «Bab Ezzouar» partout, depuis 1999 ? D’ailleurs, ce n’est pas le pire exemple en la matière, il y a, paraît-il, la cité Ali-Mendjeli, à Constantine. Et ça continue, des cités mouroirs sont érigées, dont plusieurs ont été inaugurées à grande pompe par Bouteflika, sans aucune esthétique ni harmonie. Faire pousser partout dans le pays, comme des champignons, ce type d’habitations est même devenu une performance inscrite dans les bilans comme motif de réussite. Mais ceux qui y vivent au quotidien ne voient pas les choses de la même façon. Ils se plaignent de la qualité médiocre de ces constructions et le manège des travaux effectués individuellement est incessant, chacun y allant de son «architecture», aggravant ainsi la laideur d’ensembles déjà hideux, source de tous les maux sociaux. L’image dégradante de certains quartiers intègre les signes d’une voirie à l’emporte-pièce. Ils sont souvent dépourvus des commodités qui rendent un cadre de vie plus ou moins décent : éclairage, assainissement, trottoirs, etc. S’y ajoutent les déchets et les chiens errants… Cela dit, pour revenir à notre sujet, des ministres placés devant la même maquette de la nouvelle ville de Hassi Messaoud ont eu des commentaires plutôt flatteurs, à la vue de ce qu’ils ont considéré comme une merveille. Mais c’était avant que Sellal ne donne le la, avec référence «Bab Ezzouar» à l’appui. Ils savent maintenant ce qu’il faut en penser et ne manqueront pas de le dire, eux aussi.
K. M.
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