Paroles en l’air
Par Kamel Moulfi – Les paroles lancées en l’air par le discours officiel peinent à produire l’effet soporifique, ou euphorisant, selon le cas, attendu dans la population qui est, elle, confrontée à chaque instant aux faits têtus que lui oppose la réalité. Que vaut la promesse d’avoir sa carte d’identité le jour du dépôt du dossier, quand on sait que la recherche du timbre fiscal qui va avec peut être problématique, si aucun vendeur informel ne vous la propose dans la rue. Pour vaincre la bureaucratie qui se nourrit du système à travers d’innombrables tentacules, il faut, tout de même, plus que des discours. Il en est ainsi de la fin de la crise du logement. Elle ne se décrète pas par un ministre, Abdelmadjid Tebboune, qui n’a rien à perdre à prétendre, en le martelant sans cesse, que «tout sera réglé» dans les plus brefs délais» (voir notre article). Le problème du logement est un sujet qui n’a pas besoin de détecteur de mensonges pour établir que le ministre qui en a la charge raconte n’importe quoi. Il continue d’égrener sa litanie de chiffres qui ne prouvent rien, au moment où, comme le note notre article, «les programmes de logement lancés par le gouvernement patinent et on s’achemine irrévocablement vers une nouvelle crise AADL 2001-2002». En fait, un lecteur l’a souligné dans son commentaire, c’est comme si, quelque part, quelqu’un voulait créer, à l’aide de promesses irréalisables en l’état actuel, les conditions de la déception qui précède l’émeute. Pour moins que ça, la disponibilité des vignettes automobiles, par exemple, l’incurie est évidente. A Alger, dans certains quartiers, il n’y en a pas là où elles ne devraient pas manquer : recettes des impôts et bureaux de poste. L’explication est accablante pour les pouvoirs publics : l’opération s’est faite n’importe comment. En bout de chaîne, c’est le citoyen qui en pâtit. Et à propos de chaîne, celle qui se forme dans les stations-service est encore plus éloquente. Là également, l’explication officielle est désespérante : trop de voitures en circulation.
K. M.
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