Ghoul se trompe de cible
Par Meriem Sassi – Lors de la présentation du projet de loi relatif à l'aviation civile à l'Assemblée populaire nationale (APN), le ministre des Transports, Amar Ghoul, n’a pas trouvé mieux que de qualifier les critiques dirigées contre la compagnie nationale Air Algérie de «complot» visant à la déstabiliser. Un aplomb qui prêterait à sourire si la situation de la compagnie et du transport aérien n’était pas si affligeante. Le ministre, premier responsable de la situation catastrophique dans ce segment du transport, se permet de divaguer sur de prétendues visées déstabilisatrices de certains, au lieu de s’atteler à accomplir sa mission, celle de remettre de l’ordre dans la gestion du secteur et d’assainir la situation de la compagnie. Ghoul se trompe de cible, car s’il y a certes un complot et une fragilisation de la compagnie nationale, ils ne sont certainement pas l’œuvre de détracteurs «occultes», mais bien l’œuvre de son département ministériel. Une entreprise de l’envergure d’Air Algérie est chaque jour un peu plus décrédibilisée, s’enlisant dans des difficultés multiples causées en premier lieu par certains «nantis» qui ne font aucun cas de la différence qui existe entre une entreprise commerciale et une sorte de «dar khali moh» où tout le monde vient se servir gratuitement. Ghoul dénonce «les pressions» exercées sur la compagnie nationale visant à ternir sa réputation pour servir les intérêts de parties étrangères. Encore «la main de l’étranger» ! Certes, les pressions existent, mais elles sont bien algériennes. La faiblesse d’Air Algérie vient d’abord des injonctions intempestives et des créances détenues sur les services de l’Etat. Certains hauts placés usent de leur rang pour s’octroyer des billets «gratuits» qui alourdissent le fardeau financier de l’entreprise depuis des années et la mettent en danger. Par ailleurs, la pléthore de personnel – dont beaucoup «de fils et de filles de» – est un autre boulet que traîne Air Algérie contre toute logique managériale. Alors, avant de jeter la pierre aux ennemis fictifs, il faut d’abord balayer devant son perron.
M. S.
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