Malaise au ministère des Affaires étrangères
Comme indiqué dans l'article publié le 14 avril 2015 dans Algeriepatriotique sous le titre : «Sit-in mercredi 15 avril 2015 du Syndicat du MAE», à l'appel du bureau exécutif du Syndicat autonome des personnels des affaires étrangères (Sapae), des dizaines de fonctionnaires, essentiellement des corps communs, ont tenu, durant la matinée du 15 avril 2015, un sit-in de protestation pour dénoncer pacifiquement l'injustice qui règne au MAE, notamment en matière de gestion des ressources humaines, ainsi que les entraves que le Sapae rencontre de la part de l'administration de ce département ministériel dans l'exercice de ses activités syndicales légales. Il est à rappeler que c'est le second sit-in que le Sapae organise depuis le début de l'année 2015 et que ces deux manifestations interviennent deux ans après la grève générale qui a secoué le MAE du 10 au 16 février 2013, dont les principales revendications socioprofessionnelles n'ont pas encore été satisfaites malgré les promesses répétées du précédent ministre, Mourad Medelci, et de son administration. C'est d'ailleurs pour cette raison que les protestataires ont demandé à rencontrer M. Lamamra, le nouveau ministre, afin de lui présenter la plateforme des revendications du Sapae, qui a déjà été remise à son prédécesseur, et qui comprend les points suivants :
– régularisation de la situation des fonctionnaires recrutés avec des contrats à durée déterminée, CDD, percevant des salaires inférieurs au SMIG et des primes de rendement insignifiantes ;
– versement d'un capital-décès et d'un capital-retraite équivalents à 18 ou 24 mois, selon le grade, du dernier salaire, aux fonctionnaires des corps communs décédés ou envoyés à la retraite ;
– paiement de la prime de déménagement aux agents des corps communs qui ont été rappelés à l'administration centrale, qui ont injustement été privés de cette prime, et dont le nombre s'élève à 123 agents. M. Medelci avait promis de régler cette question avant son départ du MAE ;
– possibilité d'une deuxième sortie en poste à l'étranger pour les fonctionnaires titulaires des corps communs, dont les postes budgétaires ont été abusivement occupés par le recrutement massif de vacataires par les postes diplomatiques et consulaires ;
– respect de la règle de départ à la retraite de tous les fonctionnaires, y compris ceux qui occupent des fonctions supérieures, fixé à l'âge de 60 ans par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, afin de libérer des postes au profit des jeunes cadres qui végètent dans l'administration centrale ou dans les postes diplomatiques et consulaires ;
– maintien du passeport diplomatique au profit de tous les fonctionnaires diplomatiques et consulaires après leur départ à la retraite. En vertu d'un décret présidentiel inique, seuls le président de la République, certains cadres supérieurs, dont les ambassadeurs et les consuls généraux et leurs ayants droit, bénéficient du passeport diplomatique à vie. Cette discrimination, qui s'inscrit dans la droite ligne de la politique de division des cadres algériens, grosse de tous les risques pour la cohésion, la stabilité, la sécurité et l'unité nationale, pratiquée ouvertement par le clan présidentiel depuis avril 1999, suscite un vif sentiment de frustration, d'indignation et de colère parmi les fonctionnaires diplomatiques et consulaires et les membres de leurs familles respectives, qui ont utilisé ce document de voyage durant toute leur carrière et qui en sont injustement privés dès leur départ à la retraite.
– transparence des critères utilisés pour les affectations, les promotions et les nominations aux postes de responsabilité à l'administration centrale et à l'étranger ;
– ouverture d'une crèche pour les enfants des fonctionnaires, au sein du MAE, qui dispose de l'espace nécessaire.
– préservation de séances aux conjoints et aux enfants des fonctionnaires, dans le cadre de l'enseignement des langues dispensé au MAE.
– prise en charge des frais de scolarité des enfants des fonctionnaires inscrits dans les écoles privées. A titre d'exemple, un ou une collègue, quel que soit son grade, qui a trois enfants inscrits dans l'école, le collège ou le lycée français d'Alger, pourrait payer annuellement pour leur scolarité, plus de deux millions de dinars, alors qu'en poste, ces frais sont totalement pris en charge par l'Etat algérien, dans le cadre du principe constitutionnel de la gratuité de l'instruction. En tout état de cause, la nouvelle administration du MAE gagnerait certainement beaucoup à être à l'écoute des fonctionnaires, tous corps confondus, et à déployer les efforts nécessaires pour accéder à leurs revendications légitimes si elle veut éviter de faire face, à tout moment, à une situation explosive, telle que celle que le MAE a connu aujourd'hui et qui pouvait dégénérer en une grève générale aux conséquences imprévisibles, à cause de l'impasse où la hogra, les carences multiples et l'obstination de l'administration précédente notamment avaient fourvoyé le MAE et la diplomatie algérienne.
Rabah Toubal