Meeting du FFS : Nebbou vilipende les «fonctionnaires du pouvoir»
Le Front des forces socialistes (FFS) a fait une démonstration de force aujourd’hui lors d’un meeting organisé à la salle Atlas, à Alger. Un meeting qui a drainé beaucoup de militants. La salle de 5 000 places était pleine à craquer. Sur des banderoles accrochées aux murs intérieurs, le plus vieux parti de l’opposition affirme n’avoir pas changé de cap ni de position. «Si El Hocine mazalna mouaridhin (Si El Hocine, nous sommes toujours des opposants)», «le FFS national, le pouvoir régional» ou encore «Une Algérie souveraine et démocratique est notre ligne rouge». Devant un parterre de militants, Mohamed Nebbou, premier secrétaire du parti, prononce un discours aux contours d’un programme politique dans lequel il réaffirme les positions historiques du parti. «La lutte continue pour faire des acquis de principe une conquête de fait», assure Mohamed Nebbou. Il relève ainsi la promulgation de tamazight langue nationale et officielle. Il réclame aussi l’élaboration et la mise en œuvre d’une véritable politique culturelle, linguistique, académique et pédagogique pour concrétiser dans les faits un pluralisme linguistique national de qualité. Le FFS se positionne contre les démarches stérilisantes qui confondent la lutte pour la reconnaissance de tamazight avec la folklorisation. Il est également contre les démarches régressives qui veulent enfermer tamazight dans une région à l’exclusion des autres. Mohamed Nebbou souligne ainsi que le mot d’ordre au sein du parti est simple «ni folklorisation ni ghettoïsation : tamazight langue nationale et officielle». «On ne le dira jamais assez : de la gestion démocratique ou répressive de la problématique identitaire dépend l’avenir de toute la nation», a-t-il soutenu, appelant à bien regarder «autour de nous, dans toutes ces guerres qui détruisent des pays et font disparaître de la carte du monde des sociétés et des cultures millénaires». «Nous voyons bien que le principal instrument des foyers de tension est la manipulation des divisions sectaires, ethniques et religieuses qui traversent les sociétés. Sunnites, chiites, Turcomans, Persans, Arabes, Baloutches, Yazidis, chrétiens, Kurdes, etc. Bien sûr qu’il y a des manipulations étrangères ! Mais on ne peut manipuler que des sociétés qui n’ont pas été préparées à affronter les dures lois de la globalisation et les contraintes qu’impose la modernité», insiste Mohamed Nebbou, précisant que «c’est la responsabilité des pouvoirs en place qui est en cause !» «C’est la dictature qui fait la politique de la terre brûlée !» poursuit-il, faisant allusion aux récentes déclarations du président Bouteflika accusant l’opposition de faire dans la «terre brûlée ». Le premier secrétaire du FFS revient dans son discours sur la conjoncture politique et sur le rôle de l’armée. Pour lui, la référence n’est autre que la plate-forme de la Soummam qui a consacré la primauté du civil sur le militaire. Autrement dit, la solution doit venir des civils à travers le dialogue. «Au FFS, nous sommes pour la primauté du politique sur le militaire», affirme Nebbou. «Cela veut dire, par exemple, explique-t-il, que la décision de la paix ou de la guerre est une décision qui engage l’ensemble de la nation et non une simple décision d’état-major.» «Une décision qui doit être prise en fonction des principes supérieurs qui protègent, soudent et confortent une nation», ajoute-t-il. Mais le FFS ne se contente pas de cela. Il défend également sa position historique, à savoir «une Assemblée nationale constituante» pour une Constitution consensuelle. Réagissant aux réponses réservées par les partis se réclamant de la mouvance présidentielle à l’initiative lancée par son parti, Nebbou juge incohérent que ceux qu’il qualifie de «fonctionnaires du pouvoir» opposent des «lignes rouges». «Le président ligne rouge. Mais quid des autres institutions ? Le DRS maâlich ? Machi ligne rouge ! Le chef d’état-major maâlich ? Machi ligne rouge !» s'exclame l’orateur.
Rafik Meddour