L’ex-numéro 2 de la DST : «Si le DRS avait tué les moines, on n’aurait jamais retrouvé leurs têtes»
L’ancien directeur adjoint de la DST a balayé d'un revers de main la thèse qui attribue à l’armée algérienne l'assassinat des moines de Tibhirine en 1996 à Médéa. Raymond Nart, qui intervenait dans le énième reportage sur l'affaire des moines diffusé hier samedi par France 2, a affirmé que «si vraiment les services secrets algériens étaient impliqués dans l’enlèvement et l’exécution des moines, vous n’auriez jamais retrouvé leurs têtes». Raymond Nart rejoint, ainsi, l’ancien patron de la DST Yves Bonnet qui a apporté son témoignage dans un livre à paraître bientôt, Le berger de Touggourt , et dont Algeriepatriotique a rendu compte dans un précédent article. En effet, suite à une enquête menée en Algérie où il a pu se déplacer à Tibhirine et a eu accès au dossier des sept religieux, Yves Bonnet détruit, preuves à l’appui, la thèse de la «bavure» de l’armée algérienne qui aurait tiré d’un hélicoptère contre les moines. Invraisemblable, confirme-t-il. Il rappelle la conclusion de Didier Contant, ancien rédacteur en chef de l'agence Gamma, qui écrit, après deux reportages sur l’affaire des moines, que «la thèse avancée d'une machination des services algériens ne tient pas». Didier Contant mourra peu après, le 15 février 2004, d’une «chute mortelle du quatrième étage d'un immeuble». Un suicide provoqué par le harcèlement dont il fut l’objet de la part de Jean-Baptiste Rivoire comme le soutient l'hebdomadaire Marianne dirigé à l’époque par Jean-François Kahn. «Compilation de ragots et d'affabulations improuvées», c’est ainsi qu’en expert, Yves Bonnet traite un ouvrage paru en 2004 sous la double signature de Lounis Argoun et Jean-Baptiste Rivoire et qui a servi à Canal+ pour faire une émission «Special Investigation» sur le thème des moines de Tibhirine. Et c’est ainsi que l’ancien chef des services de renseignement français achève d’enterrer définitivement le «qui tue qui», motivé, soutient-il par «l'indignation, le dégoût, le mépris pour des hommes qui, non contents d'être de piètres professionnels, ont oublié toute déontologie, tout respect de la vérité et de la vraisemblance».
Mohamed El-Ghazi