Mantoudj bladi
Par Kamel Moulfi – Une fièvre en apparence patriotique, appelée «consommons algérien», s’est emparée de certains acteurs de la vie économique nationale, ceux qui constituent la tripartite (patronat, syndicats et gouvernement) et qui peinent à faire le poids face à l’informel dominant sur la scène. On sait que les responsables algériens affectionnent le futur. C’est le temps qui convient aux annonces et aux promesses, et la communication institutionnelle avec la population en regorge : «nous allons faire» et très rarement, jamais peut-être, «nous avons fait». Il en est ainsi de la «campagne nationale» qui commence «ce dimanche» pour la promotion du produit national. Amara Benyounès qui a prouvé durant sa carrière dans l’Exécutif qu’il est plein de bonnes intentions, même si elles ne sont pas concrétisées, pilote l’opération, en sa qualité de ministre du Commerce. Elle est moins contraignante que la recherche de solutions à la flambée des prix qui assèche le pouvoir d’achat d’un grand nombre de nos concitoyens. Mais elle ne manque pas d’exigences. D’abord, comme le relève la Fédération algérienne des consommateurs (FAC), la production locale doit être abondante pour couvrir les besoins du marché et être de bonne qualité pour avoir les faveurs des Algériens placés sous la pression constante exercée par la publicité qui vante les produits étrangers. L’autre exigence est tout aussi lourde, c’est celle de la crédibilité. Il faut que les acteurs de la «tripartite» donnent l’exemple et à leur sillage les membres du gouvernement et ceux des institutions et autres organismes de l’Etat, dans leurs achats personnels, mais surtout également dans les achats qu’ils font pour leurs propres administrations. Combien de véhicules Renault Symbol ont été acquis par les parcs des établissements qui dépensent l’argent de l’Etat ? Au fait, le slogan «consommons algérien» ne concerne-t-il que les produits de consommation directe, ou bien la campagne s’étend-elle aux autres secteurs qui entraînent des sortes de devises au pays : les séjours touristiques à l’étranger, les études pour les progénitures… à l’étranger… ? La partie n’est pas facile. Elle a déjà échoué, il y a une ou deux décennies. Elle s’appelait «mantoudj bladi». Quand on lance une telle opération, le slogan ne suffit pas, il ne faut pas que ses promoteurs eux-mêmes répugnent à consommer algérien.
K. M.
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