Tempête de sable
Par R. Mahmoudi – Les médias pro-saoudiens (dominants dans le monde arabe) s’escriment depuis deux jours à justifier la décision prise par Riyad de mettre fin à l’agression militaire qu’il conduit contre le Yémen depuis près d’un mois, en voulant transformer une cuisante défaite en une victoire stratégique, pour laquelle on a inventé un slogan aussi dérisoire qu’incongru : «Restaurer l’espoir». L’annonce avait surpris même les plus fervents valets des Al-Saoud dans le monde arabe. A suivre des chaînes de télévision comme Al-Arabiya ou Al-Jazeera (ralliée à la cause), les bombardements de l’aviation saoudienne ont non seulement détruit toutes les bases des rebelles houthis, mais ont permis aux partisans du président déchu de reconquérir du terrain. Ce qui est, évidemment, une véritable fumisterie comme seuls ces canaux de propagande savent le faire. Les Saoudiens ont arrêté la guerre dès qu’ils se sont aperçus qu’ils ne pouvaient pas parvenir à leur objectif sans lancer une offensive terrestre. Une option qu’ils n’ont même pas voulu discuter, parce qu’ils savaient, d’emblée, qu’ils n’avaient aucune chance devant un mouvement aussi aguerri dans la guérilla que les Houthis. L’offensive n’avait pas officiellement été décrétée que les troupes positionnées aux frontières déplorèrent déjà huit morts. Cette capitulation maquillée a coïncidé étrangement avec l’annonce, au Caire, de la création d’une «force arabe commune», dont l’objectif est d’assurer la sécurité des pays membres de la Ligue arabe (y compris donc le Yémen) contre toute velléité de déstabilisation ou d’invasion étrangère. C’est la preuve que les promoteurs du projet ne s’attendaient pas à une déroute aussi rapide de leur parrain au Yémen. Ils pensaient sérieusement que «Tempête décisive» n’était que le prélude à un vaste programme de remodelage de la région, tel qu’il leur a été dicté. Au final, ils ont eu droit à une opération qui a duré le temps d’une tempête de sable en ce début de printemps.
R. M.
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