Entendu sur France 2 : «Il faut surveiller les intellectuels algériens car ils sont dangereux !»
Les intellectuels maghrébins, et plus particulièrement algériens, ont été stigmatisés dans l’émission hebdomadaire «Envoyé spécial», diffusée dans la soirée du 23 avril. Invité à parler des filières djihadistes en France et des contraintes du «renseignement français», Alain Juillet, ancien responsable à la DGSE et présidant actuellement le Club des directeurs de sécurité des entreprises, met en garde contre les «intellectuels qui viennent en France» en insistant sur le cas Sid-Ahmed Ghlam, un Algérien de 24 ans, étudiant en informatique, suspecté d'avoir préparé un attentat contre une église de la région parisienne. Pour lui, il y en a beaucoup comme lui qui sont cadres, voire même de hauts cadres «insoupçonnables» qui méritent d’être pistés et surveillés pour prévenir des attentats terroristes en France et en Europe qui peuvent causer la mort de dizaines de citoyens. Certes, Alain Juillet n’a aucunement prononcé le mot Algérien ou Algérie. Mais il a pris le soin de faire comprendre à tout le monde ce qu’il voulait réellement dire. Après la stigmatisation des musulmans, voici venu le temps de la vindicte raciste contre les Algériens. «Nous sommes en guerre. Et dans cette guerre, il y a des gens qui sont là pour déstabiliser le pays et qui sont convaincus que l’islamisme salafiste est la meilleure solution. Ces gens-là, il faut les mettre hors d’état de nuire», insiste-t-il, appelant à changer les textes de loi régissant le travail des services de renseignement afin de leur permettre de surveiller et de mettre sous écoute des gens jugés «potentiellement dangereux». Il estime que Sid-Ahmed Ghlam n’est pas passé à travers les mailles du filet pour la simple raison qu’il était identifié et contrôlé plusieurs fois. «Mais le problème avec ce genre d’individus, c’est qu’ils deviennent, à un certain temps, calmes et ont un comportement normal. Et ils ne sont donc plus surveillés. Mais finalement, c’était un agent dormant qui trompait son monde», a-t-il souligné, relevant ainsi le fait que les services de renseignement français n’ont pas identifié le niveau de dangerosité de cet individu. «Quand ce sont des intellectuels, c’est beaucoup plus difficile à gérer, parce qu’ils sont intelligents et capables de dissimuler plus que les autres djihadistes», a-t-il relevé, appelant à accentuer leur surveillance partout, dans les entreprises, l’administration… Il demande ainsi à ce qu’il y ait une loi qui permette de placer des micros sur des intellectuels étrangers dont les Algériens identifiés comme dangereux. Alain Juillet ira encore plus loin en insistant sur «les mouvements terroristes dirigés par ces intellectuels qui font partie des réseaux dormants des djihadistes internationaux». «Ce sont des gens de conviction contrairement aux jeunes des banlieues qui se font manipuler. Ils savent parler et citer bien des référents coraniques. Ils sont ainsi autorisés à s’intégrer dans la société occidentale, à vivre sans barbe, à ne pas aller à la mosquée et à boire de l’alcool jusqu’à ce qu’ils reçoivent l’ordre d’attaque», a-t-il précisé, mettant ainsi tous les cadres algériens et maghrébins dans le même sac, en les considérant comme de «potentiels terroristes ». Par ses certitudes et affirmations, Alain Juillet va alimenter davantage la méfiance des Français envers les étrangers, particulièrement envers les Algériens qui sont souvent désignés comme «dangereux».
Rafik Meddour