Corruption : pic épidémique
Par Meriem Sassi – Le chiffre hallucinant de plus de 125 000 logements sociaux indûment occupés, donné par Abdelmadjid Tebboune dernièrement, est certainement un des nombreux indices qui nous renseigne sur la crise morale qui mine notre société et la banalisation de la corruption. Le ministre de l'Habitat a révélé que les Offices de gestion et de promotion immobilière ont lancé, début avril, une enquête à travers le territoire national pour recenser les logements sociaux publics vacants ou occupés par des non-bénéficiaires. Cette enquête se poursuit, a ajouté le ministre pour qui le chiffre des logements cédés aux tiers en infraction à la loi est appelé à être revu à la hausse. Une situation qui n’aurait jamais été vécue en Algérie, du moins pas avec cette ampleur, il y a vingt ou trente ans, et qui est aujourd’hui banalisée et permise par la déliquescence de l’autorité de l’Etat, encourageant le non-respect des lois et induisant la perte de tout sens moral et le recours à la corruption. Les valeurs essentielles de la société sont bafouées par tous et à tous les niveaux, ce qui encourage les citoyens les plus modestes à en faire de même, en comptant sur l’impunité et la régularisation a posteriori, constatée et appliquée en définitive par l’administration dans beaucoup de domaines. Alors, chacun se dit : et pourquoi pas transgresser telle ou telle loi, tant que les moyens existent – tels que la complicité de certains notaires – et puisque en définitive, l’Etat va effacer ces infractions et régulariser tel ou tel dossier ? La plaie est si profonde qu’elle rend obsolescents tous les remèdes juridiques et répressifs mis en place pour mettre fin à ce fléau et à tant d’autres, qui se greffent ces dernières années sur les comportements de nos concitoyens. Violence, comportement meurtrier sur les routes, incivisme, gain facile – encouragé par le pouvoir en place – au détriment de l’effort et du travail sont autant de tares qui mettent notre société en danger.
M. S.
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