Harraga : la LADDH dit stop à la politique répressive
Houari Kaddour, secrétaire national chargé des dossiers spécialisés de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH), tente une nouvelle fois de tirer la sonnette d'alarme quant à l’émigration clandestine. La LADDH réclame, dans un communiqué parvenu à la rédaction, une «stratégie claire» à l'Union européenne et au gouvernement algérien, en demandant que les populations en mouvement ne soient plus victimes d'atteintes aux droits humains en raison de leur «statut migratoire». Malheureusement, rappelle la LADDH, chaque année, des dizaines de jeunes bravent la mort, et la dissuasion par la répression s’est avérée inefficace. «La loi algérienne punissant toute personne qui tente de quitter illégalement le territoire national de 2 à 6 mois de prison ainsi que d’une amende de 20 000 à 60 000 DA s’est avérée bien peu dissuasive et pratiquement d’aucune efficacité pour ne serait-ce que juguler ce fléau», souligne la LADDH. Celle-ci rappelle que «des dizaines de corps d’Algériens se trouvent dans les morgues espagnoles d'Almeria, Alicante et d’autres villes en Italie parfois dans un état de décomposition avancé». La LADDH, qui affirme que chaque année plus de 5 000 expulsés algériens sont reconduits vers l’Algérie à partir de pays européens, demande à l’Etat algérien de «lever les verrous bureaucratiques pour venir en aide aux jeunes Algériens détenus dans les prisons (Espagne, France, Belgique, Italie, Grèce…) et à ceux qui tentent de survivre dans la clandestinité et, pourquoi pas, rapatrier les corps en décomposition dans les morgues». La LADDH précise : «Des hommes d’affaires algériens, des associations et autres bienfaiteurs sont prêts à nous aider, mais il est difficile d’avoir toutes les autorisations pour pouvoir le faire. Il est tout de même honteux que ce soit les associations humanitaires belges et suisses qui viennent au secours des jeunes Algériens en détresse.» La LADDH attire par ailleurs l'attention de l'opinion publique nationale et internationale sur le cas de 14 touristes algériens (13 hommes et 1 femme) actuellement en détention dans une prison maltaise. Elle signale que «les ressortissants algériens originaires d’Alger, Blida, Médéa, Boumerdès, Batna, Constantine, Sétif et Oum El-Bouaghi ont été arrêtés jeudi 23 avril à leur descente de l'avion d'Air Malta qui assurait le vol Alger-La Valette. Ils n'ont reçu jusqu'à maintenant aucune explication quant aux raisons réelles de leur détention malgré leur entrée légale avec visa en territoire maltais». La LADDH précise que «les quatorze ressortissants algériens actuellement détenus dans une caserne en face de l'aérogare de La Valette ont entamé samedi une grève de la faim pour protester contre leur détention». La Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme exprime, en outre, sa profonde préoccupation suite au sommet extraordinaire de l'Union européenne à Bruxelles du 23 avril 2015. Elle se dit convaincue que ce phénomène en Méditerranée ne trouvera de solution qu’à travers un dialogue et une coopération économique équitable entre les pays des rives nord et sud de la Méditerranée, «en faisant un pas décisif pour lutter contre les vraies causes de la migration clandestine et non en prenant seulement des décisions sécuritaires».
Meriem Sassi