Le gouvernement ne reculera pas sur les licences d’importation

Le gouvernement algérien refuse de céder aux pressions et maintient sa décision de mettre en place des licences d’importation pour certains produits. Le texte réglementaire est actuellement au niveau de l’Assemblée populaire nationale, affirme Saïd Djellab, directeur de suivi des importations au ministère du Commerce, selon lequel les licences d’importation sont une pratique récurrente dans le commerce international, utilisées notamment par la Chine et les Etats-Unis d’Amérique. Il s’agit de «mesures de sauvegarde» de la production nationale, car, explique-t-il, il y a des filières économiques en développement qui mérite d’être encouragées. Il cite le cas du ciment. L’Algérie, selon lui, produit localement 18 millions de tonnes pour des besoins actuels de 23 millions de tonnes. Le déficit est donc de 5 millions de tonnes. Mais, indique M. Djellab, on importe jusqu’à 7 millions de tonnes. «Ce qui cause un préjudice à la production locale. La licence nous permet d’importer juste la quantité demandée. Des investissements sont en cours de cette filière. Si demain, la production locale augmente à 20 millions de tonnes par exemple, on réduira davantage l’importation. Et c’est valable pour d’autres filières comme celle de la tomate concentrée et des pâtes par exemple. «Le double concentré de tomate importé a affaibli considérablement cette filière», regrette-t-il, mettant en avant l’utilité de la licence d’importation qui permettra selon lui de mieux maîtriser les importations. Les importations des produits alimentaires ont explosé, selon lui, ces dernières années. Elles sont passées de 8 milliards de dollars en 2009 à 11,9 milliards de dollars en 2011. «Si l’on ne fait rien, la situation va s’aggraver», prévient-il, rappelant qu’entre 2009 et 2014, les importations algériennes sont passées de 40 à 60 milliards de dollars. «Si dans les cinq années à venir nous ne faisons rien pour inverser cette tendance, cette spirale risque de s’accentuer gravement à l’avenir », insiste ce responsable. Pour M. Djellab, c’est urgent de «rationaliser et réguler nos importations», considérant la chute du prix du baril de brut comme un avertissement. Cette chute a eu, quelque part, estime-t-il, des effets bénéfiques sur le pays, dans la mesure où elle a contribué à faire prendre conscience de sa ruineuse dépendance vis-à-vis des marchés étrangers. Il assure que le marché algérien reste libre. Ce que fait actuellement le gouvernement, c’est remettre de l’ordre et éviter les importations intensives et anarchiques qui nuisent à l’économie nationale. Il y a également la question de la surfacturation qui devient au fil des années un véritable sport national. Le directeur du suivi des importations précise que l’application des licences d’importation interviendra bientôt dans le but de compléter une production nationale déterminée. Le gouvernement cherche ainsi à réduire les importations inutiles. Une action qui aurait dû être faite depuis des années, surtout qu’on sait que notre pays importe du poisson congelé pour 300 millions de dollars, des chewing-gums pour 50 millions de dollars, des artichauts pour 20 millions de dollars…
Rafik Meddour
 

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