Trois ministres pris dans une spirale de critiques : que se passe-t-il au gouvernement ?

Deux journaux arabophones se crêpent le chignon à distance, signe que des tiraillements minent le gouvernement. L’absence d’un centre de décision pour arbitrer les «conflits» entre les différents ministres de Sellal donne lieu à des «veillées d’armes» étouffées. Trois ministres sont pris dans un tourbillon de critiques acerbes dans certains médias dont les liens avec différents cercles du pouvoir – bien du pouvoir – sont connus. La première à faire les frais d’une campagne sans merci est la ministre de la Culture, Nadia Labidi. La préparation puis l’ouverture des festivités de «Constantine, capitale de la culture arabe» ont été précédées d’accusations tous azimuts mettant en cause la probité des responsables en charge de cette manifestation. La ministre elle-même se trouve prise sous un feu nourri dont on dit qu’il serait téléguidé par un de ses collègues du gouvernement qui manœuvrerait en catimini dans l’espoir de se voir confier le double ministère de la Communication et de la Culture dans un gouvernement remanié, et dans lequel il garderait son portefeuille enrichi ainsi de celui de la culture. Des sources informées croient savoir que la ministre de la Culture serait au courant de cette cabale relayée par un journal arabophone et une chaîne de télévision éponyme très proches de Hamid Grine. La ministre vient de répondre à Louisa Hanoune qui l’accuse ouvertement de favoritisme dans l’octroi des marchés, voire de se servir elle-même via une agence de communication dont elle serait la propriétaire. Le PT a menacé de tout révéler ce jeudi en séance plénière au Parlement, une séance qui sera retransmise en direct par la télévision publique. Autre sujet de discorde, la finale de la Coupe d’Algérie, dont on ne sait pas si elle se déroulera au stade du 5-Juillet ou non. En effet, malgré l’insistance du Premier ministre, les deux médias cités plus haut se contredisent complètement, l’un annonçant la fin des travaux dans ce stade mythique avant la date butoir, tandis que l’autre affirme qu’il est impossible que le stade soit prêt pour la finale de la 51e Coupe d’Algérie qui devra opposer le MO Béjaïa au RC Arbaâ, la semaine prochaine. Une bataille entre deux journaux aux attaches connues est souvent synonyme de crispation au sein du gouvernement. Le ministre des Sports est donné partant depuis qu’un changement de gouvernement a été annoncé, mais qui ne vient pas. Or, le cas de Mohamed Tahmi s’est encore aggravé après que l’Algérie a perdu l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations de football 2017, accusé qu’il est d’avoir «mal ficelé» la candidature algérienne, tandis que ses défenseurs parlent d’un coup de Jarnac «indépendant de sa volonté». L’autre ministre qui subit les attaques de certains médias arabophones, Amara Benyounès, «épinglé» dans l’«affaire» de la libéralisation de la vente des boissons alcoolisées. Un dossier «glissé» – par qui ? – à des médias dont la ligne pro-islamiste est un secret de polichinelle. La campagne enragée qui s’en est suivie a poussé le Premier ministre à «abdiquer» face à une opinion publique très à cheval sur les questions à caractères moral et religieux. D’autres membres du gouvernement Sellal ne sont pas en reste, même s’ils semblent résister à la foudre. Il en est ainsi des ministres des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, et de l’Education nationale, Nouria Benghebrit. Une situation qui, en tout cas, met à nu un malaise latent qui nécessite d’accélérer le remaniement du gouvernement.
Karim Bouali
 

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