Cupidité sans limites
Par Kamel Moulfi – Le prestige du gouvernement est au plus bas. Il est entaché d’affaires louches et sales, vraies ou fausses, jetées en pâture à l’opinion publique, éclaboussant presque tous ses membres au point où les gens se demandent si occuper un poste de ministre est inévitablement, voire fatalement, accompagné de l’acceptation d’avantages indus, jusqu’à être partie prenante, consentante, dans des transactions «huilées» par la corruption. Un terrain par-ci, une bourse à l’étranger par-là, un «pourcentage» viré ailleurs, dans un compte à l’étranger, un coup de pouce en milliards à sa progéniture ou à sa «boîte», et parfois même des miettes, par exemple un logement AADL ou, sait-on jamais, social, mais qui, elles aussi, ternissent à jamais l’honorabilité… Les accusateurs n’ont même plus besoin d’apporter des preuves, il leur suffit de lancer leurs «révélations» aux médias qui les relaient, pour être crus sur parole, tellement s’est répandue l’idée qu’en haut, la dilapidation et le favoritisme sont une pratique courante, «normale». Tout cela renvoie l’image dégradante d’une cupidité sans limites, d’une bassesse qui a très largement dépassé le seuil de l’indécence. En somme, à en croire toutes ces informations, l’image d’un comportement indigne dans un poste aussi élevé où l’on est censé être au service de l’Etat et du peuple. En face, précisément, dans l’espace réservé au peuple, les travailleurs du complexe sidérurgique d’El-Hadjar sont en grève illimitée (voir article d’Algeriepatriotique) pour «la revalorisation des salaires et la revue à la hausse de certaines indemnités et primes». Les travailleurs, sur lesquels compte le gouvernement pour diversifier l’économie, veulent non pas une part de la rente, mais la contrepartie de leur labeur, juste pour boucler les fins de mois face à un marché de produits de consommation de base, en folie. Par le passé, les journalistes spécialisés dans le domaine politique aimaient distinguer un gouvernement par rapport aux autres, en lui collant une petite étiquette, pour l’histoire. Quel qualificatif conviendrait à celui de 2015 ? Comment le jugeront les prochaines générations ?
K. M.
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