Cot cot cot !
Par Kamel Moulfi – Le titre suggère plutôt un combat de coqs, mais cela n’enlève rien à l’originalité de la guéguerre entre Louisa Hanoune et Nadia Labidi, sans doute une première dans la vie politique algérienne. On ne connaît pas de précédent où deux femmes du système, l’une installée de longue date dans l’opposition et l’autre sortie de la «réserve» pour être lotie dans le pouvoir, se sont livrées à une telle hostilité déballée publiquement par les médias. L’objet de la discorde – les accusations de malversations lancées par la présidente du Parti des travailleurs (PT) à la ministre de la Culture – a également de quoi intéresser l’opinion publique. La petite phrase prononcée par Louisa Hanoune et relayée par un média privé serait restée inaperçue sans la riposte immédiate et menaçante de Nadia Labidi. De surcroît, les accusations de corruption trouvent un terrain fertile dans le contexte du procès retentissant de l’affaire de l’autoroute Est-Ouest, ou celui qui traîne en longueur concernant Sonatrach avec ses différents épisodes, et celui attendu de Khalifa, et d’autres encore que la boîte de Pandore rouverte par Louisa Hanoune va laisser sortir au grand bonheur des journalistes qui ont fait de ce créneau leur spécialité. Maintenant, chacune cherche des appuis : Louisa Hanoune en a appelé au président de la République pour qu’il intervienne et change les ministres «coupables» de dilapidations, alors que Nadia Labidi a demandé au président de l’Assemblée populaire nationale (APN) d’ouvrir une enquête parlementaire. Mais il faut noter qu’à ce stade des joutes oratoires entre les deux femmes, aucun homme politique «neutre» n’a osé s’interposer ou prendre position. La solidarité partisane à l’intérieur du PT a bien joué, alors que les membres du gouvernement laissent leur collègue seule dans la tourmente. Et si un sursaut d’orgueil s’emparait subitement de l’APN et de son président, en premier lieu, qui constituerait la commission d’enquête demandée par Mme Labidi et l’élargirait aux autres ministères ? Cette commission passerait au crible comment tous les ministres et d’autres responsables de l’Etat gèrent l’argent public et le patrimoine national dont ils ont la charge. Allez, chiche !
K. M.
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