Une nouvelle catégorie de voyous
Après les voyous de la délinquance et de la criminalité, les voyous de la dilapidation et du détournement de biens publics, les voyous de la corruption à tous les niveaux, les voyous du favoritisme aux divers recrutements dans des instituts, les voyous de la chkara,les voyous parmi les élus qui ferment les yeux sur les constructions illicites, les voyous des coopératives de construction, les voyous des transactions occultes de lots de terrain, les voyous de l’autoroute Est-Ouest, les voyous de la Sonatrach, les voyous des stades, les voyous d’Air Algérie qui vous répondent «complet» alors qu’il y a de la place, les voyous des visas (transaction occulte, le visa coûte entre 300 000 et 400 000 DA, les défavorisés suspectent les bureaux intermédiaires), les voyous de la drogue et des barbituriques, s’ajoutent aujourd’hui les voyous de la conduite automobile. Ces voyous, en grande majorité des jeunes, conduisent des véhicules de tourisme et des bus et n’ont aucun respect pour votre personne et le Code de la route, profitant de l’absence des agents de l’ordre et parfois de leur léthargie, et qui même quand ils sont présents dans les intersections, observent les violations du Code de la route sans réagir. Ces voyous de la conduite emploient souvent des mots grossiers et des gestes indignes, certainement qu’ils sont insolents depuis leur naissance ou leur renvoi des écoles. Mal élevés par leurs parents, qui pour la plupart d’entre eux ont envahi les villes durant les années quatre-vingt-dix, en créant des bourgs illicites à la vue des élus des assemblées populaires FLN puis RND, et des walis qui disaient walou. Les villes algériennes sont devenues progressivement de vastes douars et de grandes dechras, à l’instar de dechra ghir hak. Surtout la seconde ville d’Algérie, Oran, qui n’est plus Wahran el bahia lil oua n’har zahia, ses enfants l’ont quittée, remplacés par des gens spécialisés dans la clochardisation des villes. Ils ont mis en location leurs terres agricoles et maisons pour s’y installer dans les grandes villes ; ils acquièrent un véhicule pour faire le clandestin ou montent un hippomobile ou, plus encore, deviennent des colporteurs d’eau avec un vieux camion, qui n’est jamais passé par le contrôle technique, ou un tracteur agricole qui tracte une citerne. Et pourtant, ils traversent tous les postes de contrôle sans problème ! Les chaînes de télévision qui se sont ajoutées ces dernières années ne semblent pas attirées par ce phénomène, leurs journalistes ne possédant probablement pas de batteries bien chargées pour ce genre de reportage. Heureusement qu’aucun coffre-fort n’a jamais suivi le corbillard, autrement, ils auraient parmi les morts des pistonnés et des laissés-pour-compte, jusqu’au jour du jugement dernier, et encore ! Enfin, la liste des voyous en Algérie ne semble pas clôturée, elle demeure ouverte, tant que la débandade sévit dans notre pays. Et quand le nombre de voyous surprend par son augmentation, là le changement devient urgent et indispensable.
C. H.