Scène de guerre
Par Houari Achouri – Sur une photo de Baltimore, aux Etats-Unis, on a l’impression de voir une scène de la vie quotidienne en Irak quand ce pays était sous occupation américaine, mais non, elle montre des soldats de la Garde nationale qui font respecter le couvre-feu, tout juste hier, 29 avril 2015. «Etat d'urgence, soldats, couvre-feu, patrouille…», ces mots remplissent les dépêches qui rendent compte de la situation dans la plus grande ville de l'Etat américain du Maryland. Ils font penser à la guerre. En réalité, les soldats lourdement armés ont été mobilisés pour venir en aide aux policiers confrontés aux violences, pillages et incendies volontaires qui ont accompagné les émeutes populaires déclenchées après les funérailles de Freddie Gray, jeune Noir de 25 ans, décédé dans un fourgon de police après son interpellation. Américain d'origine africaine, il est la énième victime de la police pour cause de couleur de peau. Tout le monde, aux Etats-Unis et ailleurs, a constaté que lorsque la victime est un Noir la bavure policière est systématiquement suivie de la décision judiciaire disculpant les policiers blancs auteurs du crime. Les cas, derniers en date, de Michael Brown à Ferguson, Eric Garner à New York, Tamir Rice, un adolescent de 12 ans, à Cleveland, en témoignent. Mais si dans ce pays le racisme est chose normale dans les appareils policier et judiciaire, il est, par contre, inadmissible pour une grande partie de la population américaine, surtout quand il se traduit par un crime impuni parce que son auteur est un policier blanc et la victime un jeune Noir. Les manifestants de Baltimore ont eu, hier soir, le soutien de centaines de personnes qui se sont rassemblées à Union Square et ont défilé dans les rues de New York. Sur certaines photos de ce rassemblement, on ne voit que des Blancs et sur leurs pancartes, on lit : «La vie des Noirs compte». C’est le signe réconfortant que les Etats-Unis ne sont pas peuplés uniquement de racistes.
H. A.
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