L’Initiative nationale pour la dignité du journaliste dénonce une situation de précarité
L'Initiative nationale pour la dignité du journaliste publie, à l’occasion de la Journée internationale de la presse coïncidant avec le 3 mai, son deuxième rapport annuel sur les conditions professionnelles et sociales des journalistes algériens. Il en ressort, selon la copie parvenue à la rédaction, qu’en l’absence d’un débat ouvert à tous les professionnels, le secteur de la presse se caractérise par «l’effondrement des principes fondateurs de l’exercice du métier livré à l’anarchie et à l’absence de l'éthique et de la pratique saine». Une situation qui a causé, selon l’initiative, «de grands dommages à la corporation dont notamment une absence de statut social des journalistes». Pour le collectif de journalistes, «l’absence d’une loi sur la publicité alimente le chaos et favorise les disparités et l’absence de transparence dans l’attribution des marchés publicitaires, ce qui a pour effet de maintenir certains médias et leurs journalistes dans la précarité». Une situation favorisée, selon le collectif, par «l'absence totale de contrôle de l'Etat, que ce soit par le ministère de la Communication ou par le ministère du Travail, au détriment des journalistes». Pour l’Initiative, «des centaines de diplômés des instituts de communication endurent la frustration de voir leurs aspirations à un futur professionnel prospère anéanties, au vu de ce qu'ils considèrent comme une détérioration continue de la profession de journaliste, malgré les espoirs nourris par le discours politique dans le domaine». «La loi sur l’information ne protège pas les journalistes et les médias et il en est de même pour les promesses du gouvernement sur l’ouverture de l’audiovisuel et la formation des journalistes.» Le collectif dénonce également «l'absence de textes suffisamment garants de droits professionnels et sociaux pour les journalistes, et de conditions nécessaires à l'amélioration de la profession». Il regrette «le paysage médiatique chaotique que reflètent les chaînes de télévision privées, tombées dans des travers innombrables concernant notamment le déni de la déontologie et des droits des journalistes». L’Initiative estime, par ailleurs, que «la convention sur les salaires des travailleurs du secteur public signée le 31 décembre 2012 ne reflète pas la promesse du ministère de la Communication et son engagement à assurer une grille de salaire applicable à tous les journalistes, qu'ils soient du secteur privé ou public, dans la presse écrite ou audiovisuelle, comme convenu lors de la réunion avec le ministre de la Communication du 17 avril 2011». Concernant la délivrance de la carte de journaliste professionnel, «les résultats sont décevants», selon le collectif qui relève qu'un grand nombre de journalistes professionnels n'a pas obtenu cette carte pour des raisons diverses». De plus, la carte, s’indigne le collectif, «ne protège pas les journalistes contre les nombreuses formes de violence, y compris diverses attaques morales et physiques au cours de l’exercice de leur métier».
«Mépris et appauvrissement des journalistes»
L’Initiative dénonce en outre «le mépris et l'appauvrissement des journalistes algériens qui vivent parfois dans des conditions sociales qui se détériorent de jour en jour». Elle fustige «la décision de la tutelle d’améliorer la situation des journalistes dans le secteur public et l'abandon des journalistes travaillant dans le secteur privé, qui représentent 90% du nombre total de journalistes algériens». L’Initiative dénonce aussi «le harcèlement souvent subi par les femmes journalistes soumises à des pressions psychologiques et de menaces de licenciement et de déni des droits ainsi que les abus et la violence subis par les journalistes dans l'exercice de leur fonction». Elle enregistre, en outre, «la baisse de la qualité du "produit médiatique" et le risque de la perte de la crédibilité des médias en raison à l'absence d'organes de contrôle, en particulier le Conseil de l’éthique». D'autre part, estime le collectif, «la situation générale que le pays vit a des retombées négatives sur la prise en charge dans les médias des préoccupations diverses exprimées par la société».
Meriem Sassi