Abdelmoumène Khalifa : «J’ai laissé des entreprises en bonne santé»
Le principal accusé dans l'affaire de la caisse principale de Khalifa Bank, Abdelmoumène Khalifa a affirmé lors de son interrogatoire par le tribunal criminel près la cour de Blida, avoir laissé des entreprises en «bonne santé et pas en faillite» avant de quitter l'Algérie en 2003, rapporte l’APS. Il a expliqué avoir «pressenti un plan visant la fermeture de sa banque et de ses sociétés» depuis septembre 2002, année où il décide de «quitter le pays pour éviter une situation chaotique, car employant plus de 22 000 personnes qui allaient se retrouver au chômage». La compagnie aérienne «Khalifa Airways» disposait, selon Khalifa de 4 appareils qui engrangeaient des «revenus énormes». Elle détenait 93 milliards DA en Algérie et 10 milliards DA à l'étranger. La banque aussi était en «bonne santé» où il a laissé 97 milliards DA considérant l'annonce de la faillite de la société comme étant un «vol organisé des fonds de la banque». Il a dit aussi, «ne pas comprendre la décision de la banque centrale de suspendre l'agrément pour le commerce extérieur de la banque d'autant plus qu'il avait adressé une correspondance au ministère des Finances à ce sujet mais n'a pas eu de réponse». Le dernier rapport de la commission bancaire était «positif et ne faisait pas état de violations», a-t-il ajouté. «Il y a des choses que je ne peux dire devant le tribunal», a-t-il dit évoquant un règlement de comptes. Il a accusé des «Français» dans cette affaire affirmant que la France voulait conduire une banque algérienne à la faillite pour ouvrir des banques en Algérie. Khalifa a nié avoir octroyé des crédits à des personnes par de simples «bout de papier» ou par téléphone sans recourir aux démarches administratives nécessaires comme cité dans l'arrêt de renvoi dont le président du tribunal lisait des passages le condamnant et lui demandait des explications. Affirmer que des sommes d'argent sortaient de la caisse principale de la banque et à partir des agences d'Hussein-Dey, d'El-Harrach et Oran «clandestinement dans des sacs noirs» était, selon Khalifa «illogique et ridicule» et «techniquement impossible». Selon l'accusé, les témoignages des directeurs des agences susmentionnées «sont fausses ou incomprises, car la mission du directeur d'agence est administrative et, par conséquent, il n'a un pas un droit d'action direct sur les fonds». Il a cité à titre d'exemple certaines allégations selon lesquelles il aurait transféré des fonds de l'agence de Koléa vers sa banque pour les mettre sur le compte de l'actuel ministre de l'industrie, Abdesselam Bouchouareb. Selon l'accusé, les écrits échangés entre certaines agences relevant de sa banque et la caisse principale pour tenter de combler un trou financier sont «différentes». Il ajouté à ce propos qu'il n'avait aucune connaissance de ce sujet avant de souligner que la caisse principale de Khalifa Bank «ne présentait aucun trou financier». Il a par ailleurs fustigé les témoignages de Nadjia Aiwaz lors de l'enquête et du procès de 2007 selon lesquels elle serait sa secrétaire personnelle. L'accusé a nié le fait qu'elle ait occupé ce poste, soulignant que le but étant de «se donner de l'importance». Le mis en cause a indiqué que les crédits octroyés aux travailleurs de sa compagnie étaient des aides, et qu'il avait financé des équipes sportives par «nationalisme». Il a tenu à préciser qu'il a traversé une période difficile lors de sa présence en Angleterre avant son emprisonnement et qu'il a pu survivre grâce aux aides. Créée en 1998, Khalifa Bank était gérée au début par Ali Kaci avant la nomination par le conseil d'administration de Abdelmoumène Khalifa, PDG de la banque de 1999 à 2003. Abdelmoumène Khalifa est poursuivi dans l'affaire de la caisse principale de Khalifa Bank pour les chefs d'accusation de «formation de groupe de malfaiteurs, vol qualifié, escroquerie, abus de confiance, faux et usage de faux en écritures publique et bancaire, banqueroute frauduleuse, corruption et enfin trafic d'influence.»
R. N.