Où est l’orgueil ?
Par Houari Achouri – La saleté avance à une vitesse vertigineuse dans les rues de la capitale. En certains endroits où elle s’est installée depuis longtemps, elle est carrément repoussante, accompagnée parfois d’odeurs nauséabondes, émanant du mélange d’ordures et d’urine. L’impression de propreté que donnent quelques axes centraux est vite oubliée en prenant les rues adjacentes où l’on tombe directement dans la crasse qui colle aux trottoirs, déjà en piteux état, avec leur revêtement cassé et les flaques d’eau qui éclaboussent les piétons. Les passants soumis à cette ambiance d’insalubrité, et qui y sont maintenant tellement habitués qu’ils ne la ressentent plus, subissent, en plus, les insanités et grossièretés criées par des individus aux allures de malades mentaux qui veulent être entendus et, de toute façon, cherchent à importuner les rares personnes qui continuent à sortir en famille à Alger. Et, en plus, il y a les risques d’agression physique. On peut s’étonner que des élus et responsables communaux acceptent de gérer cette situation lamentable sans le moindre sursaut d’orgueil (le fameux nif) qui permettrait d’y remédier, comme s’ils avaient démissionné. Jamais la capitale n’a connu cet état de décrépitude et, malheureusement, rien n’indique que ça va s’arrêter. Dans ce décor absurde, Abdelkader Khomri, ministre de la Jeunesse, a pensé aux tout-petits, disons aux enfants d’Alger, mais sans prendre soin à leurs fragiles tympans qui reçoivent en plein dans les oreilles des décibels qui causeraient des dégâts irréversibles à des adultes. On appelle cela une «animation musicale». Elle est indistinctement livrée à tous, sans égard pour les âges. Mais plus grave : les activités qui sont organisées en ville, dans le quartier habituel, n’offrent pas le dépaysement que recherchent les enfants. Que coûterait de les emmener en dehors de la ville et loin de ses tumultes, dans des parcs naturels ou dans les forêts urbaines qui existent et qui ne demandent qu’à être préparés à les recevoir ? Cela se faisait avant et avait un nom : «sorties de plein air». Les associations prêtes à s’investir dans ces sorties éducatives et ludiques ne manquent pas. Les familles ne refuseraient pas de payer pour contribuer au financement de la location des bus et de l’achat des casse-croûte ainsi que des prestations éventuelles sur les lieux. Un peu de jugeote, messieurs les responsables, sortez de la routine. Il s’agit d’enfants, une catégorie très exigeante du fait de sa vulnérabilité. C’est l’avenir du pays. Les enfants ne méritent pas qu’on leur balance n’importe quoi !
H. A.
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