Pourquoi nous en parlons peu
Par R. Mahmoudi – Des lecteurs nous ont reproché de ne pas consacrer assez d’articles à la guerre du Yémen, comparativement aux autres événements majeurs ayant secoué la région arabe au cours de ces quatre dernières années (Tunisie, Syrie, Libye, Egypte). Connaissant notre engagement, à la fois contre les plans de destruction du monde arabe – l’intervention militaire en cours au Yémen en fait partie – et contre leurs instruments locaux – la monarchie wahhabite en tête –, nos fidèles lecteurs ont l’habitude de s’exprimer et d’échanger leurs opinions en toute liberté sur nos colonnes, et ne se gênent pas de concevoir leurs contributions, c’est souvent le cas, comme un acte militant. C’est pourquoi nous tenons compte de leurs observations. Or, pour ce qui concerne les événements au Yémen, si Algeriepatriotiqueévite de commenter au quotidien l’agression militaire qui se poursuit contre le peuple yéménite, sous prétexte de le protéger contre «l’invasion chiite», ce n’est point par indifférence ni par crainte de s’afficher pour ou contre telle ou telle partie en conflit, loin s’en faut. Mais plutôt par simple souci de ne pas reproduire les même raccourcis cultivés par les grandes agences de presse et les médis dominants, dont on connaît trop bien la propension à la manipulation de l’information. Il faut dire que les autorités saoudiennes ont instauré, en plus d’un blocus aérien et terrestre, un véritable blocus médiatique sur le Yémen. Ce qui leur permet déjà d’occulter l’ampleur des destructions d’infrastructures et le nombre de victimes civiles des raids prétendument menés contre des cibles militaires, tout en embrouillant les enjeux. Pour faire passer la pilule, elles ont par exemple réussi à faire ancrer l’idée que les partisans de l’ancien président Ali Abdallah Salah (déchu en 2012) combattaient aux côtés des Houthis qui ont destitué le Président pro-saoudien Mansour Hadi. Cela dit, Algeriepatriotiquefait partie des rares médias, aujourd’hui, qui parlent explicitement d’«agression» contre le Yémen. Nos lecteurs sont les premiers à s’apercevoir que dans tous nos articles et éditoriaux consacrés à ce conflit, nous n’avons cessé de dénoncer le silence inexpliqué des élites arabes sur cette attaque injuste et criminelle contre un peuple pacifique et pauvre, et de condamner l’hypocrisie d’un pays comme l’Egypte de Sissi qui a donné sa caution à cette agression pour des raisons évidentes d’intérêts économiques ; l’Egypte financièrement exsangue a besoin des fonds des Emirats arabes unis et de l’Arabie Saoudite, deux pays opposés aux Frères musulmans soutenus par le Qatar.
R. M.
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