Acharnement des islamophobes en France : Robert Ménard ou l’arbre qui cache la forêt
En France, c’est une impression de plus en plus forte, les Algériens dérangent l’extrême droite et sa mouvance raciste réfractaire aux étrangers, surtout quand ils sont africains et maghrébins. Il y une dose supplémentaire de racisme que rajoutent les revanchards, nostalgiques de l’Algérie que son peuple a libérée de l’occupation française, et cette victoire leur est restée en travers de la gorge. Mais l’élément qui devient dominant est celui de la religion, l’islam, surtout depuis que le constat a été fait qu’il attire un nombre grandissant de jeunes Français «d’origine» tout en captant et en maintenant dans son espace d’identité les Français d’origine maghrébine et africaine. Il y a deux jours, dans un discours prononcé à une rencontre à Saint-Denis en France, l’intellectuelle afro-américaine Angela Davis (voir article d’Algeriepatriotique) a attiré l’attention sur l’émergence récente du racisme anti-arabe et de l’islamophobie qui ont «transformé le terrain même de notre combat contre le racisme». Dernièrement, c’est Robert Menard qui a focalisé l’attention sur cette vague anti-algérienne et islamophobe, nourrie aux ressentiments des nostalgiques du colonialisme. Mais derrière cet individu, nous oublions qu’il y a une cohorte de racistes et de xénophobes qui tentent de faire pression sur le pouvoir et surtout influencer l'opinion publique en France pour obtenir que les Français voient les musulmans, les Maghrébins et les Africains en général comme une menace sur l'équilibre ethnique (racial) en France. Le maire de Béziers a voulu ouvrir une brèche dans la société française en annonçant que, dans sa commune, 64,6% des élèves représentent, par leur prénom, les caractéristiques permettant de les classer comme enfants de musulmans. Extrapolé à l’échelle de tout l’Hexagone, ce pourcentage se transforme en véritable spectre qui fait peur aux Français. La propagande d’extrême droite a vite pris le relais en évoquant le danger de ce qu’elle appelle «le Grand Remplacement » qui se met en place. Les politiciens racistes veulent faire croire que «la progression effrayante de l’islam en France n’est que la conséquence de la politique migratoire criminelle menée par nos dirigeants, depuis quarante ans». Voici ce que l’on peut lire dans leur littérature : «L’islamisation de notre pays, permise par l’immigration et sa démographie galopante, est une guerre d’extermination menée contre notre peuple, notre civilisation et notre mode de vie. Elle est voulue par les instances supranationales, notamment l’Union européenne, dont nos dirigeants ne sont que de serviles marionnettes». Les Français, honnêtes, et ils doivent être tout de même nombreux, peuvent-ils oublier ou ignorer que les immigrés n'ont, dans leur écrasante majorité, pas choisi de quitter leur pays pour l'Hexagone, mais qu'ils ont fui la misère, la famine, la guerre imposée par cette même France coloniale. Puis, une fois en France, cette immigration a servi de main d’œuvre pour construire la puissance coloniale qu'elle est devenue. Après la fin de la guerre et du colonialisme, cette même France a profité et continue de profiter des cerveaux formés dans ses anciennes colonies qui participent à sa prospérité actuelle et qui, normalement, devraient utiliser leur savoir au profit de leurs pays d'origine. La France ne s'en soucie guère. Au contraire, puisque Sarkozy a même évoqué, sans vergogne, l’«immigration sélective», autrement dit, «prenons leur intelligentsia et laissons les autres candidats à l'émigration mourir en mer !» On peut dire qu’il y a une véritable offensive islamophobe, mais en réalité raciste, visant ceux qui sont d’origine algérienne. On en a une preuve avec l’information qui circule depuis quelques jours sur les réseaux sociaux proches de l'extrême droite à propos de l’organisation des premières «Rencontres Charles Martel», qui se tiendront à Poitiers, le 7 juin prochain. La lie de la société française dédie ces rencontres «au héros qui a stoppé les musulmans». Leurs représentants y seront pour ce combat d’arrière-garde. Les organisateurs ajoutent une louche de bêtise en expliquant que les modalités d'inscription, par e-mail, et l’information sur le lieu exact, tenu secret, se justifient par la «prudence», allusion au danger qu’ils provoquent.
Houari Achouri