Affaire Saipem : Khelil et Bedjaoui ont acheté des biens immobiliers à Paris et New York
Au fur et à mesure que se rapproche la date de la première audience dans l’affaire des pots-de-vin versés par la société italienne Saipem pour obtenir des marchés en Algérie, on assiste à de nouvelles révélations venant du parquet de Milan. Selon le quotidien italien indépendant OnlineNews, une partie des pots-de-vin a servi à l’acquisition par Chalib Khelil et Farid Bedjaoui de biens immobiliers (appartements et villas) en France et aux Etats-Unis. Ce journaliste se réfère au dernier rapport d’enquête du juge d’instruction de Milan. Dans ce rapport, il est souligné qu’une bonne partie des 198 millions d’euros versés comme commissions par Saipem en contrepartie de sept projets d’une valeur globale de huit milliards d’euros ont été blanchis dans l’immobilier. Le bureau du procureur de Milan cite Omar Habour et l’avocat français Yam Atallah comme complices dans ces opérations. Omar Habour dispose de 34,3 millions de dollars dans la banque Audi Saradar de Beyrouth. Avant d’être recyclé dans des transactions immobilières, cet argent passé par plusieurs comptes de sociétés-écrans créées par Farid Bedjaoui. Parmi les acquisitions faites, des appartements à Paris et un château à Ramatuelle, dans le golfe de Saint-Tropez. Il y aussi une maison parisienne, dans laquelle les enquêteurs ont trouvé des statues et des tableaux de valeur, dont deux œuvres de l’artiste américain Andy Warhol et un tableau des peintres Dali et Miro, en plus de plusieurs propriétés à Dubaï, notamment dans le fameux Emirates Hills. Autre opération de blanchiment relevée par les enquêteurs, l’achat en 2010 de trois appartements à New York, l'un sur la 5e Avenue pour une valeur de 28 millions de dollars et les deux autres, toujours au cœur de la «Big Apple», de 18 et 8 millions de dollars. Le paiement des acquisitions se fait parfois en plusieurs tranches et suit des circuits différents pour ne pas susciter des soupçons. Pour acheter l’appartement de la 5e Avenue à New York, l’argent a transité d’abord par plusieurs comptes de sociétés appartenant à Bedjaoui et domiciliées dans plusieurs pays. La première audience annoncée pour le 13 mai va donner le top de ce que sera le procès dont la date n’a pas été fixée. En plus des responsables de Saipem, sont cités dans cette affaire plusieurs responsables algériens, dont Chakib Khelil, ex-ministre de l’Energie. La justice algérienne a également ouvert une instruction sur cette affaire appelée Sonatrach II. Mais le déballage risque de venir plutôt de Milan.
Rafik Meddour