Et le respect du citoyen ?
Par Meriem Sassi – Le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales a annoncé la création de 8 000 postes de préposé à l'état civil et 30 000 postes de guichetier au niveau de toutes les communes du pays «dans le cadre d'une meilleure prise en charge du service de l'état civil». Une initiative louable qui va permettre à de jeunes chômeurs de bénéficier de postes d’emploi, mais il n’est pas sûr que cela contribuera à améliorer la prise en charge des missions de service public et l'accueil des citoyens. En effet, il est légitimement permis de douter que la politique du nombre et des statistiques privilégiée par la tutelle change quelque chose à l’image des administrations. Un tour dans les APC et les daïras d’Alger, par exemple, renseigne sur la déliquescence de ces services, la saleté des lieux et le laisser-aller des employés, au grand dam des citoyens en mal d'une véritable prise en charge de leurs attentes. Queues interminables, brouhaha, bagarres, passe-droits, échanges d’insultes, agents débraillés et arrogants sont autant d’images qui vous agressent dès le seuil de la plupart des services d’état civil. Pour obtenir les documents dont ils ont besoin, les citoyens, pris d’angoisse, endurent un véritable parcours du combattant et se font rabrouer à plusieurs reprises par des guichetiers grincheux et mal mis. En fait, les citoyens sont véritablement réduits, le temps d’une formalité, à des quémandeurs de faveurs alors qu’ils sont en plein exercice d’un droit. Les facilitations annoncées par le ministère de l’Intérieur concernant la réduction du nombre de pièces à fournir, le raccourcissement des délais et l’utilisation de moyens modernes sont souvent anéantis par de simples agents qui outrepassent allégrement leur mission, encouragés par des chefs de service conciliants. Dans ces conditions, la promotion de la ressource humaine prônée par le ministère de l’Intérieur n’a aucun sens si, en parallèle, la véritable notion du service public et le sens civique ne sont pas enseignés aux jeunes recrues. C’est seulement lorsque ces notions seront inculquées que l’on pourra parler réellement de «l'éradication de la bureaucratie». Celle-ci n’est pas qu’une question de dossiers et de délais, c’est aussi une question de respect envers le citoyen.
M. S.
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