Un journaliste français qualifie l’islam de «poison qui tue la France» : l’islamophobie institutionnalisée
Assurés de l’impunité, de plus en plus d’intellectuels et d’auteurs français donnent libre cours à leur sentiment de haine, injustifiée, contre la religion musulmane, qu’ils confondent pernicieusement avec l’extrémisme et tous les aspects de violence qui y sont associés. Au lieu d’amorcer le dialogue interculturel, qui est normalement leur terrain de prédilection, pour atténuer l’onde de choc provoquée par les attentats contre Charlie Hebdo,les intellectuels français rivalisent en discours provocateurs à l’égard des musulmans. En cinq mois, les Alain Finkielkraut, Michel Houellebecq et Eric Zemmour ont fait des émules. Aujourd’hui, en France, c’est la course à qui surpassera les autres en islamophobie. Dernière provocation en date, celle lancée par le journaliste et activiste d’extrême droite Francis Gruzelle, sur les colonnes du journal Riposte laïque,organe central de l’organisation éponyme, très connue pour ses positions et son activisme antimusulmans dans l’Hexagone. Dans une lettre ouverte au directeur général de Monsanto, le géant américain des semences, écrite dans un style mi-satirique mi-scientifique, ce journaliste, qui a été aussi à la tête de Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles, veut, à l’origine, se plaindre du massacre des abeilles, victimes, selon lui, des chimistes et des généticiens de cette entreprise. L’auteur tente de distiller son venin, en voulant faire une parodie associant l’islam aux ravages provoqués par ces insecticides. «Vous connaissez parfaitement l’Europe et la France, écrit-il. Et vous savez que deux poisons tuent la France : l’islam intégriste (accentué par des flux migratoires non contrôlés) et les produits fabriqués par la firme que vous dirigez, Monsanto.» Francis Gruzelle va plus loin dans le parjure. Il écrit : «Pour que nos enfants et petits-enfants continuent, dans vingt ans, à observer les abeilles, leur travail dans la ruche, la fécondation des plantes dans la nature, tout en dégustant des tartines de miel bio au goûter, je vous implore, cher Monsieur Grant, avec beaucoup d’humilité, pour que la firme que vous dirigez cesse de produire les insecticides, pesticides, OGM les plus mortels pour les abeilles. Si Allah était devant moi, je l’implorerais avec la même humilité pour que l’islam cesse de produire des jihadistes, des islamistes intégristes, et devienne une religion de paix.» Reconnaissant lui-même la vanité de sa complainte, l’auteur innove dans l’art de s’absoudre par l’absurde : «Ne pouvant être entendu par Allah pour aider les millions d’hommes et de femmes victimes des intégristes, conclut-il dans sa lettre, j’espère être entendu de vous pour aider ces centaines de milliards d’êtres vivants, dotés d’une intelligence supérieure, que sont les abeilles».
R. Mahmoudi