MDN : «Renforcer la coordination antiterroriste avec la Tunisie»
De plus en plus ciblée par des attaques terroristes, la Tunisie demande une «meilleure coordination» avec l’Algérie en matière de lutte contre le terrorisme. Lors de son entretien avec le vice-ministre de la Défense nationale, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd-Salah, le ministre tunisien de la Défense, Ferhat El-Harchani, a réclamé plus d’aide de la part de l’Algérie, qui jouit d’une longue expérience et d’un savoir-faire acquis sur le terrain de la lutte contre les groupes terroristes depuis le début des années 90. Outre l’état de la coopération militaire bilatérale et les voies et moyens susceptibles de la développer et de la renforcer davantage, les deux parties ont échangé leurs points de vue et leurs analyses sur le contexte sécuritaire prévalant dans la région afin d’instaurer une meilleure coordination dans le domaine de la coopération sécuritaire. Une coopération exigée par la conjoncture marquée par une multiplication inquiétante des attentats et attaques terroristes en Tunisie, souvent non loin des frontières avec l’Algérie. Selon le ministre des Affaires maghrébines et africaines et de la Coopération internationale, Abdelkader Messahel, il existe une «coordination globale» entre l'Algérie et la Tunisie pour la sécurisation des frontières communes. En marge de son entretien avec le secrétaire d'Etat tunisien chargé des affaires arabes et africaines, M. Messahel a précisé que la coopération avec la Tunisie va au-delà des frontières. Elle concerne également «la situation dans la région et particulièrement en Libye en tant que voisins de ce pays frère». «Nous œuvrons pour le retour de la stabilité dans ce pays frère, partageons la même vision et nous nous employons à trouver une solution pacifique et politique à la crise que connaît la Libye», a-t-il poursuivi, exprimant le souhait de l'Algérie et de la Tunisie de voir la «mise en place d'un gouvernement d'union nationale en Libye comme première étape pour un retour de la stabilité dans ce pays», sous l'égide des Nations unies. Il faut souligner que depuis la chute du régime de Ben Ali, des événements qualifiés de terroristes font régulièrement la Une des journaux. Les premières attaques terroristes ont été perpétrées en 2011 dans la région de Rouhia, faisant deux morts et un blessé dans les rangs de l’armée. En 2012, les accrochages se sont multipliés entre les forces de sécurité et des groupes terroristes lourdement armés notamment dans le nord-ouest et le centre du pays. Des armes et des explosifs sont découverts. L’année se terminera par une attaque sanguinaire contre une patrouille de l’armée, faisant un mort et plusieurs blessés parmi les soldats. En 2013, les opérations terroristes gagnent de nouvelles villes et régions et la situation sécuritaire s’enlise en Tunisie. Les attaques contre les forces de sécurités se multiplient. Deux assassinats politiques, une embuscade meurtrière contre une patrouille de l’armée au mont Chaambi et la mort de six gardes nationaux à Sidi Ali Ben Aoun ont bouleversé la donne sécuritaire et fait craindre le pire pour les Tunisiens. Plusieurs dépôts d’armes ont été découverts. L’assassinat le 6 février 2013 de l’opposant Chokri Belaid, leader de gauche a aggravé la menace terroriste sur le pays. Le 29 juillet 2013, une embuscade terroriste cause la mort de huit militaires. Les terroristes infestent Sousse, le mont Fernana et El-Ouardia où les services de sécurité ont multiplié les opérations. En 2015, il y a eu l’attaque spectaculaire contre le musée du Bardo, qui a fait 23 morts et 47 blessés. Les terroristes restent fortement présents dans la région aux reliefs accidentés du mont Chaâmbi. Une région qui n’est pas loin de la frontière algérienne. L’Algérie coopère étroitement avec la Tunisie et l’aide beaucoup dans sa guerre contre les groupes terroristes. Une coopération que les Tunisiens veulent renforcer pour faire face à la menace sécuritaire grandissante. Car la sécurité est indispensable pour relancer un secteur touristique en difficulté depuis la chute du de Ben Ali.
Rafik Meddour